Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
LIVRE QUATRIÈME.


de colère contre une autre quand elle en est lésée ; chacune s’accroît aux dépens d’une autre et en engendre une autre. L’univers produit toutes ces actions dans ses parties, mais en même temps il cherche le Bien, ou plutôt il le contemple. C’est également le Bien que cherche la volonté droite, qui est au-dessus des passions et qui s’accorde ainsi avec la volonté de l’univers ; de même, des serviteurs rapportent beaucoup de leurs actions aux ordres qu’ils reçoivent de leurs maîtres, mais le désir du Bien les porte où leur maître est porté lui-même. Donc, si le Soleil et les autres astres exercent quelque influence sur les choses d’ici-bas, c’est qu’ils contemplent le monde intelligible.

Nous bornant à l’exemple que nous venons de citer et qu’on peut facilement appliquer au reste, nous remarquerons que le Soleil ne se borne pas à échauffer les êtres terrestres, qu’il les fait encore participer à son âme, autant que cela est possible, parce qu’il possède une âme naturelle (φυσιϰή ψυχή) qui est puissante. De même, les autres astres, sans aucun choix et par une espèce d’irradiation, transmettent aux êtres inférieurs un peu de la puissance [naturelle] qu’ils possèdent. Bien que toutes choses ne furent ainsi qu’une seule chose qui a telle figure, elles offrent une foule de dispositions différentes, et ces diverses figures elles-mêmes ont chacune une puissance propre : car telle disposition a pour conséquence telle action.

Les choses qui ont une figure possèdent aussi elles-mêmes quelque vertu, qui change selon les êtres avec lesquels elles sont en rapport. Nous en voyons des exemples journaliers. Pourquoi certaines figures nous inspirent-elles de la terreur, quoiqu’elles ne nous aient jamais fait aucun mal, tandis que d’autres ne produisent pas sur nous le même effet ? Pourquoi ceux-ci sont-ils effrayés par certaines figures et ceux-là par d’autres ? (C’est que ces figures-ci sont constituées de manière à exercer une action sur les premiers et celles-là sur les autres ; elles ne sauraient en effet produire