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LIVRE QUATRIÈME.


bord à expliquer que si nous attribuons de la mémoire aux astres, c’est comme nous l’entendons [§ 421, et non pour la raison pour laquelle d’autres leur en accordent ; nous avons ensuite à montrer qu’on a tort de les regarder comme auteurs de mauvaises actions. Pour cela nous essaierons, comme c’est le devoir de la philosophie, de réfuter les plaintes formées contre les dieux qui résident dans le ciel et contre l’univers qu’on accuse également, s’il faut toutefois accorder quelque créance à ceux qui prétendent que le ciel peut être charmé (γοητεύεσθαι) par l’art d’hommes audacieux[1] ; enfin, nous déterminerons aussi comment s’exerce le ministère des démons [§ 43], à moins que la solution des questions précédentes n’entraîne aussi celle de ce dernier point.

XXXI. Considérons en général les actions et les passions qui sont produites dans l’univers, soit par la nature, soit par l’art. Dans les œuvres de la nature, il y a action du tout sur les parties, des parties sur le tout, et des parties sur les parties. Dans les œuvres de l’art, tantôt l’art achève seul ce qu’il a commencé, tantôt il a recours aux forces naturelles pour accomplir avec leur aide certaines opérations. Dans l’univers, il y a une action exercée par le ciel soit sur le ciel lui-même, soit sur ses parties. En effet, le ciel, en se mouvant, prend lui-même des positions différentes et en fait prendre aux parties qu’il renferme, soit à celles qui sont entraînées dans son mouvement circulaire, soit à celles qui agissent sur la terre. Les actions que produisent et les passions qu’éprouvent les parties de l’univers dans leurs relations avec d’autres parties sont faciles à reconnaître : telles sont les positions que prend le soleil et l’influence dont il jouit par rapport aux autres astres et par rapport à la terre, l’action qu’il exerce conjointement avec les autres astres sur les éléments, enfin les relations qu’ont

  1. Voy. Enn. II, liv. IX, § 14 ; t. I, p. 295.