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QUATRIÈME ENNÉADE.

ne reçoit-il pas ces appétits dans ce mélange, ou les reçoit-il d’une autre façon, de telle sorte qu’ils résultent de quelqu’une des choses que le corps tient de l’âme par participation. Quant à la raison et à l’intelligence, elles ne se communiquent pas au corps, parce qu’elles n’ont pas besoin des organes pour accomplir leurs fonctions ; au contraire, elles ne trouvent en eux qu’un obstacle à leurs opérations[1].

Ainsi, l’indivisible et le divisible sont dans l’âme deux parties distinctes, et non deux choses mélangées ensemble de manière à n’en constituer qu’une seule ; ils forment un tout composé de deux parties qui sont pures chacune et séparables l’une de l’autre par la puissance qui est propre à chacune d’elles[2]. Si donc la partie qui devient divisible dans le corps reçoit de la partie supérieure la puissance d’être indivisible, cette même partie peut être à la fois divisible et indivisible, comme étant mélangée à la fois de la nature divisible et de la puissance [d’être indivisible] qu’elle reçoit de la partie supérieure.

XX[3]. Les parties de l’âme que nous venons de nommer et les autres parties de l’âme sont-elles dans un lieu, ou les unes sont-elles dans un lieu, elles autres n’y sont-elles pas ? Si certaines parties sont dans un lieu, où sont-elles et comment y sont-elles ? ou bien aucune partie n’est-elle dans un lieu ? Telles sont les questions que nous avons maintenant à résoudre. En effet, si nous n’assignons aucun lieu pour siége à chacune des parties de l’âme, si nous admettons qu’elles ne sont nulle part, pas plus dans le corps que

  1. Voy. les passages de Bossuet cités dans les Éclaircissements du tome I, p. 344-346, notes.
  2. Nous lisons avec M. Kirchhoff χωρίς τῇ δυνάμει.
  3. Cinquième question : Quels sont les rapports de l’âme avec le corps (§ 20-23) ? Voy. les fragments d’Ammonius Saccas (Union de l’âme et du corps, t. I, p. XCV), et de Porphyre (Principes de la théorie des intelligibles, § t. XXI, XXII, t. I, p. LXIV).