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QUATRIÈME ENNÉADE.


eaux et de l’air sur les villes qu’elles habitent et sur le tempérament des corps auxquels elles sont unies. Nous avons reconnu qu’étant contenus dans l’univers, nous possédons quelque chose de la vie propre à l’Âme universelle, et que nous subissons l’influence du mouvement circulaire du ciel ; mais nous avons aussi établi qu’il y a en nous une autre âme[1], qui est capable de résister à ces influences et qui manifeste son caractère différent précisément par la résistance qu’elle leur oppose. Quant à cette objection que nous sommes engendrés dans l’univers[2], nous répondrons que l’enfant est de même engendré dans le sein de sa mère, et que cependant l’âme qui entre dans son corps est distincte de celle de sa mère[3].

VIII. Telle est la solution que nous avons à proposer. On ne saurait nous objecter la sympathie qui existe entre les âmes. Cette sympathie s’explique par ce fait que toutes les âmes dérivent du même principe dont dérive aussi l’Âme universelle. Nous avons déjà montré qu’il y a une Âme [l’Âme universelle] et plusieurs âmes [les âmes particulières] ; nous avons également déterminé la différence qu’il y a entre les parties et le tout. Enfin nous avons aussi parlé de la différence qui existe entre les âmes. Maintenant, revenons brièvement sur ce dernier point.

Cette différence des âmes a pour causes principales, outre la constitution des corps qu’elles animent, les mœurs, les opérations, les pensées et la conduite de ces âmes dans les existences antérieures. C’est en effet des existences antérieures que Platon fait dépendre pour les âmes le choix de leur

    convenir à la liaison des idées. Nous préférons l’interprétation de Taylor qui traduit : « For soul is sufficiently able to represent many things in itself, from the nature of places, etc. »

  1. Plotin reconnaît dans l’Âme humaine deux parties principales, qu’il nomme l’âme irraisonnable et l’âme raisonnable. Voy. t. I, p. 324, 471-472.
  2. Voy. ci-dessus, § 1, p. 264.
  3. Voy. t. I, p. 475-478.