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TROISIÈME ENNÉADE.


9. le Bien est supérieur à la pensée[1].

Les dieux qui occupent le rang le plus élevé[2] ne sont cependant pas le Premier[3] : car l’Intelligence [dont procèdent les dieux du rang le plus élevé, c’est-à-dire les intelligences parfaites] est tous les êtres intelligibles, et, par conséquent, renferme à la fois le Mouvement et le Repos[4]. Rien de tel dans le Premier. Il ne se rapporte à nulle autre chose, tandis que les autres choses subsistent en lui dans leur repos, et dirigent vers lui leur mouvement. Le mouvement est une aspiration, et le Premier n’aspire à rien. À quoi en

  1. « Nona consideratione memineris ipsam intelligentsia non esse Bonum ipsum simpliciter, primum atque ultimum ; item ipsum Bonum non habere sui ipsius agnitionem. » (Ficin.)
  2. Selon S. Augustin, les intelligences parfaites que Plotin appelle des dieux ne sont autres que les anges : « Les anges ne sont pas seulement éternels, mais bienheureux ; et le bien qui les rend heureux, c’est Dieu même leur créateur, qui leur donne par la contemplation et la participation de son essence une félicité sans fin… Si les Platoniciens aiment mieux donner aux anges le nom de dieux que celui de démons et les mettre au rang de ces dieux qui, suivant Platon, ont été créés par le Dieu suprême, à la bonne heure, je ne veux point disputer sur les mots. En effet, s’ils disent que ces êtres sont immortels, mais cependant créés de Dieu, et qu’ils sont bienheureux, mais par leur union avec le Créateur, et non par eux-mêmes, ils disent ce que nous disons, de quelque nom qu’ils veuillent se servir. Or que ce soit là l’opinion des Platoniciens, sinon de tous, du moins des plus habiles, c’est ce dont leurs ouvrages font foi. Pourquoi donc leur contesterions-nous le droit d’appeler dieux des créatures immortelles et heureuses ? Il ne peut y avoir aucun sérieux débat sur ce point du moment que nous lisons dans les saintes Écritures : Le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé. » (Cité de Dieu, IX, 22, 23 ; t. II, p. 173-174 de la trad. de M. Saisset.)
  3. M. Kirchhoff retranche à tort la négation dans cette phrase.
  4. Voy. ci-dessus, liv. VII, § 2, p. 174.