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LIVRE HUITIÈME.


manière la génération est pour elle une contemplation, passons à l’Âme qui occupe un rang supérieur à la Nature. Voici ce que nous avions à en dire. »

Par son habitude contemplative, par son ardent désir de s’instruire et de découvrir, par la fécondité de ses connaissances et le besoin d’enfanter qui en est le résultat, l’Âme, étant devenue elle-même tout entière un objet de contemplation, a donné naissance à un autre objet ; de même que la science, arrivée à la plénitude, engendre par l’enseignement une petite science dans l’âme du jeune disciple qui possède des images de toutes les choses, mais seulement a l’état de théories obscures, de spéculations faibles, incapables de se suffire à elles-mêmes. La partie supérieure et rationnelle de l’Âme demeure toujours dans la région supérieure du monde intelligible, qui l’illumine et la féconde ; l’autre partie participe à ce que la partie supérieure a reçu en participant immédiatement à l’intelligible[1] : car la vie procède toujours de la vie, son acte s’étend à tout et est présent partout. Dans sa procession (προῐοῡσα), l’Âme universelle laisse sa partie supérieure demeurer dans le monde intelligible (car, si elle se détachait de cette partie supérieure, elle ne serait plus présente partout ; elle ne subsisterait plus que dans la région inférieure à laquelle elle aboutit) ; en outre, la partie de l’Âme qui procède ainsi hors du monde intelligible n’est pas égale à celle qui y demeure. Donc, s’il faut que l’Âme soit présente partout, fasse sentir partout son action, et que ce qui occupe le rang supérieur diffère

  1. Ces deux parties de l’Âme universelle sont la Puissance principale de l’Âme, la Puissance naturelle et génératrice : « L’Âme produit par les formes. Elle reçoit de l’Intelligence les formes qu’elle transmet. L’Intelligence donne les formes à l’Âme universelle, qui est placée immédiatement au-dessous d’elle, et l’Âme universelle les transmet à l’Âme inférieure [la Puissance naturelle et génératrice] en la façonnant et l’illuminant. » (Enn. II, liv. III, 17 ; t. I, p. 191.)