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TROISIÈME ENNÉADE.


À quoi rapporterons-nous le mouvement de l’Âme lui-même ? À quelque chose que nous le rapportions, nous arriverons à trouver un principe indivisible, savoir, le mouvement premier, celui qui contient tous les autres dans sa durée et qui n’est contenu par aucun[1] : car il ne peut être embrassé par rien ; il est donc véritablement premier. Il en est de même pour l’Âme universelle.

Le temps est-il aussi en nous[2] ? Il est présent unifor-

    tempus non melior ? An vero corporis motum metirer quamdiu sit, et quamdiu illuc perveniat, nisi tempus in quo movetur metirer ? Ipsum ergo tempus unde metior ? An tempore breviore metimur longius, sicut spatio cubiti spatium transtri ? Sic enim videmur spatio brevis syllabæ metiri spatium longæ syllabæ, atque id duplum dicere… Sed neque ita comprehenditur certa mensura temporis, quandoquidem fieri potest ut ampliori spatio temporis personet versus brevior si productius pronuntietur, quam longior si correptius ; ita carmen, ita pes, ita syllaba. Inde mihi visum est nihil esse aliud tempus quam distentionem ; sed cujus rei nescio, et mirum si non ipsius animi. » (Confessiones, XI, 27.)

  1. Le Mouvement premier est propre à l’Intelligence. Voy. ci-dessus, § 2, p. 174.
  2. « Les Péripatéticiens, dit M. Ravaisson dans son Essai sur la Métaphysique d’Aristote (t. II, p. 438), avaient déjà dit avant Plotin que le temps n’existerait pas sans l’âme. » Ils semblent n’avoir fait en cela que développer la pensée de leur maître. Voici en effet comment Aristote s’exprime au sujet du temps dans son traité De la Mémoire et de la Réminiscence (II, § 12 ; p. 130 de la trad. de M. Barthélemy-Saint-Hilaire) : « Ce qu’il y a de plus important ici, c’est d’apprécier le temps, soit d’une manière précise, soit d’une manière indéterminée. Admettons qu’il y ait quelque chose dans l’esprit qui discerne un temps plus long et un temps plus court ; et il est tout simple qu’il en soit en ceci comme pour les grandeurs,… parce qu’il y a dans la pensée des formes et des mouvements semblables à ceux des objets. » Saint Augustin développe longuement la même pensée dans ses Confessions (XI, 27) : « In te, anime meus, tempora metior ; affectionem, quam res prætereuntes in te faciunt et quæ quum illæ præterierint manet, ipsam metior præsentem, non eas quæ praeterierunt ut fleret ; ipsam metior quum tempora metior, etc. »