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LIVRE SEPTIÈME.
DE L’ÉTERNITÉ ET DU TEMPS[1].


[Préambule]. Quand nous disons que l’Éternité et le Temps sont deux choses différentes, que l’Éternité se rapporte à ce qui existe perpétuellement, et le Temps à ce qui devient, nous l’affirmons spontanément en quelque sorte, d’après les intuitions immédiates de notre pensée, d’après la notion instinctive que notre âme en possède naturellement, de telle sorte que notre langage est invariable sur ce sujet. Mais, quand nous essayons d’approfondir et de préciser nos idées, nous nous trouvons embarrassés[2] : nous interprétons différemment les diverses opinions professées par les anciens et souvent une même opinion. Pour nous, nous nous bornerons à examiner ces opinions, et nous croyons que, pour remplir notre tâche, il suffira que nous répondions à toutes les questions en expliquant la doctrine des anciens, sans rien chercher au delà. Il faut certainement admettre que quelques-uns des philosophes anciens, de ces hommes bienheureux[3], sont parvenus à trouver la vérité. Reste à déterminer quels sont ceux qui l’ont trouvée et comment nous pouvons saisir nous-mêmes leur pensée.

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.
  2. Saint Augustin a dit de même, mais avec plus de vivacité : « Quid est tempus ? Si nemo a me quærat, scio ; si quœrenti explicare velim, nescio. » (Confessiones, XI, 14.)
  3. Sur cette expression, Voy. le tome I, p. 498.