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AVERTISSEMENT.

Pères de l’Église, ainsi que les nombreuses analogies que nous avons déjà signalées entre leur doctrine et la sienne, en un mot en répétant ce que nous avons dit à ce sujet dans la Préface de notre premier volume. Qu’il nous suffise d’y renvoyer[1].

Si la publication que nous avons entreprise peut rendre quelques services, ce ne sera pas sa moindre utilité d’avoir aidé à dissiper les préjugés que nous avons essayé de combattre, et de donner des idées plus exactes d’une grande et noble philosophie, qu’on a trop longtemps condamnée sans l’avoir entendue.


Venons-en aux critiques qui nous concernent. On nous a reproché d’avoir inutilement multiplié les citations textuelles, et d’avoir compris parmi les imitateurs de Plotin des écrivains qui ne paraissent pas l’avoir connu, comme Bossuet, Fénelon, Malebranche, Leibnitz.

Nous l’avons déjà dit[2] : Si nous avions cru devoir citer in extenso les passages qui donnaient lieu à des rapprochements, c’est que nous pouvions craindre, en nous bornant à des indications sommaires, que ces indications ne fussent stériles pour la plupart de nos lecteurs, qui n’eussent pu facilement recourir aux textes originaux, et que, par suite, les analogies signalées ne fussent acceptées avec défiance, faute de moyens de contrôle, ou même contestées. Les mêmes motifs nous ont déterminé à persister pour le présent volume dans la même méthode de citation.

Quant aux passages d’auteurs modernes que nous avons rapprochés de Plotin, nous n’avons jamais prétendu que ces auteurs eussent tous étudié Plotin lui-même, et qu’ils eussent puisé directement à la source des Ennéades. Seulement, nous avons dit[3] que, par l’étude approfondie qu’ils avaient faite de saint Augustin, de Boèce et des grands docteurs de la Scholastique, de saint Thomas surtout[4], qui avaient pris pour guide saint Augustin en même temps qu’Aristote, ces auteurs s’étaient approprié, même à leur insu, certaines idées que leurs devanciers avaient empruntées au chef de l’École néoplatonicienne. C’est ainsi que la psychologie de Bossuet se trouve être en grande partie d’accord avec celle de Plotin parce qu’elle est tirée de saint Augustin, qui était familiarisé avec la

  1. Voy. p. XXIX et suivantes.
  2. Voy. la Préface du 1er vol., p. XXI.
  3. Préface, p. XXXIII.
  4. Nous avons signalé, p. 593-597, plusieurs points de ressemblance entre saint Thomas et Plotin. On sait du reste, d’après les recherches de M. Ch. Jourdain, que saint Thomas connaissait les Éléments de Théologie, où Proclus a résumé les idées du chef de son école.