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TROISIÈME ENNÉADE.


ce sont en effet le manque, le désir et la réminiscence des raisons [idées] qui, réunis dans l’Âme, y ont engendré cette aspiration vers le Bien qui constitue l’Amour. Il a pour mère Penia, parce que le désir n’appartient qu’à l’indigence ; or Penia est la matière, parce que celle-ci est l’indigence complète[1]. L’indétermination même, qui caractérise le désir du Bien, fait par cela même jouer le rôle de matière à l’être qui désire le Bien (car un tel être ne saurait avoir ni forme, ni raison, considéré en tant qu’il désire). Il n’est une forme, qu’en tant qu’il demeure en soi. Dès qu’il désire recevoir une nouvelle perfection, il est matière relativement à l’être dont il désire recevoir ;

C’est ainsi que l’Amour est à la fois un être qui participe de la matière et un Démon né de l’Âme : un être qui participe de la matière, en tant qu’il ne possède pas complètement le Bien ; un Démon né de l’Âme, en tant qu’il désire le Bien dès le moment de sa naissance.


  1. Voy. t. I, p.222.