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LIVRE CINQUIÈME.


a de démons qu’ici-bas, et s’il n’y a de dieux que dans le monde intelligible. — D’abord, il y a aussi des dieux ici-bas, et le Monde est, comme nous le disons habituellement, un dieu du troisième degré : car tout être supra lunaire est un dieu. Ensuite, il vaut mieux n’appeler démon aucun être qui appartienne au monde intelligible, et, si l’on y place le Démon même (αὐτοδαιμών), le regarder comme un dieu. Dans le monde sensible, tous les dieux visibles supra lunaires doivent être appelés dieux du second degré ; ils sont placés au-dessous des dieux intelligibles et en dépendent comme les rayons lumineux dépendent de l’astre dont ils émanent. Comment donc définirons-nous les démons ? Chaque démon est le vestige d’une âme, mais d’une âme descendue dans le monde. Pourquoi d’une âme descendue dans le monde ? C’est que toute âme pure engendre un dieu, et nous avons dit précédemment [§ 4] que l’amour d’une telle âme est un dieu.

Mais pourquoi les démons ne sont-ils pas tous des amours ? Ensuite, pourquoi ne sont-ils pas complètement purs de toute matière ?

Parmi les démons, ceux-là seuls sont des amours qui doivent leur existence au désir que l’âme a du Bien et du Beau : toutes les âmes qui sont entrées en ce monde engendrent chacune un amour de ce genre. Quant aux autres démons, qui ne sont pas nés des âmes humaines, ils sont engendrés par les différentes puissances de l’Âme universelle pour l’utilité du Tout ; ils complètent et administrent toutes choses pour le bien général[1]. L’Âme universelle devait en effet subvenir aux besoins de l’univers en engendrant les puissances démoniaques qui conviennent au Tout dont elle est l’Âme.

Comment les démons participent-ils à la matière et de

  1. Nous lisons avec M. Kirchhoff ϰατὰ χρείαν τοῦ ὅλου συμπληροῦσι ϰαὶ συνδιοιϰοσι, au lieu de συμπληροῦσαν ϰαὶ συνδιοιϰοσιαν.