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LXXXIX
TRAITÉ DES FACULTÉS DE L’ÂME.

De l’Assentiment.

Numénius, qui admet que la Faculté de l’assentiment (συγκαταθετικὴ δύναμις) est susceptible de produire diverses opérations, dit que la représentation (φαντασία) est un accessoire de cette faculté, qu’elle n’en constitue pas une opération ni une fonction, mais une conséquence[1]. Les Stoïciens, au contraire, non seulement font consister la sensation dans la représentation, mais encore rapportent l’essence de la représentation à l’assentiment. Selon eux, l’imagination sensible (αἰσθητικὴ φαντασία) est l’assentiment ou la sensation de la détermination de l’assentiment[2]. Longin n’admet point qu’il y ait une faculté d’assentiment[3]. Les philosophes de l’ancienne Académie croient que la sensation ne comprend pas la représentation sensible, et qu’elle n’a, par conséquent, aucune propriété dans l’origine, puisqu’elle ne participe pas à l’assentiment. Si la représentation sensible est l’assentiment ajouté à la sensation, la sensation n’a par elle-même aucune vertu, puisqu’elle n’est pas l’assentiment donné aux choses que nous possédons[4].

Des Parties de l’âme.

Ce n’est pas seulement sur ces facultés que diffèrent les anciens. Il y a encore entre eux un désaccord profond sur les questions suivantes : Quelles sont les parties de l’âme ? Qu’est-ce qu’une partie ? Qu’est-ce qu’une faculté ? Quelle différence y a-t-il entre une partie et une faculté ?

Les Stoïciens divisent l’âme en huit parties : les cinq Sens, la Parole, la Puissance génératrice, enfin le Principe dirigeant (τὸ ἡγεμονικόν), qui a les autres facultés pour ministres, en sorte que l’âme est composée d’une faculté qui commande et de facultés qui obéissent[5].

    le sens, comme il l’avoue lui-même. Sur les rapports de la Sensibilité, de la Raison discursive et de l’Intelligence, Voy. p. LXX-LXXIV et p. 321-328.

  1. Numénius a discuté cette question dans son traité De l’infidélité des Académiciens à l’égard de Platon (Eusèbe, Prép. évang., XIV, 5-9).
  2. Voy. M. Ravaisson, Sur le Stoïcisme (Mém. de l’Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXI, p. 31-36.)
  3. Longin avait composé un traité De l’Âme (Eusèbe, Prép. évang., XV, 21).
  4. Même observation que ci-dessus, note 4 de la page précédente.
  5. « Les Stoïciens, dit Jamblique, distinguent huit parties dans l’âme, mais attribuent à ces parties plusieurs facultés… Pour eux, le Principe dirigeant comprend l’Imagination, l’Assentiment, l’Appétit et la Raison. » (Stobée, Eclogæ physicæ, I, 52, p. 878.)