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LXXXIV
PORPHYRE.

jusqu’à ce qui ne peut être à la fois partout et nulle part et qui se borne à participer de cette double propriété.

L’âme humaine est unie par son essence à l’Être universel.

XLIV.[1] « Lorsque vous avez conçu la puissance inépuisable et infinie de l’Être en soi, et que vous commencez à entrevoir sa nature incessante, infatigable, qui se suffit complètement à elle-même, » qui a le privilége d’être la vie la plus pure, de se posséder pleinement elle-même, d’être édifiée sur elle-même, de ne désirer et de ne chercher rien en dehors d’elle, « ne lui attribuez pas une détermination locale » ou une relation : car, en vous bornant par une considération de lieu ou de relation, vous ne bornez pas sans doute l’Être en soi, mais vous vous en détournez en étendant sur votre pensée le voile de l’imagination. « Vous ne pouvez dépasser, ni fixer, ni déterminer, ni resserrer dans d’étroites limites la nature de l’Être en soi, comme si elle n’avait plus rien à donner au-delà [de certaines limites] et qu’elle s’épuisait peu à peu. » Elle est la source la plus intarissable qu’on puisse concevoir. « Quand vous aurez atteint cette nature[2], et que vous serez devenu semblable à l’Être universel, ne cherchez rien au delà. » Sinon, vous vous en éloignerez, vous attacherez vos regards sur un autre objet. « Si vous ne cherchez rien au delà, » si vous vous renfermez en vous-même et dans votre propre essence, « vous deviendrez semblable à l’Être universel et vous ne vous arrêterez à aucune des choses qui lui sont inférieures. Ne dites pas : voilà ce que je suis. En oubliant ce que vous êtes[3], vous deviendrez l’Être universel. Vous étiez déjà l’Être universel, mais vous aviez quelque chose en outre ; vous étiez par cela même inférieur, parce que ce que vous possédiez outre l’Être universel venait du non-être. À l’Être universel, on ne peut rien ajouter. » Lorsqu’on lui ajoute quelque chose d’emprunté au non-être, on tombe dans la pauvreté et dans un dénûment complet. « Abandonnez donc le non-être, et vous vous posséderez pleinement vous-même, [en sorte que vous aurez l’Être universel en écartant tout le reste : car, tant qu’on est avec le reste, l’Être ne se manifeste pas, n’ac-

  1. Le § XLIV est un commentaire du § 12 du livre V. Nous mettons entre guillemets les phrases qui reproduisent le texte de Plotin à peu près dans les mêmes termes.
  2. On voit par le texte de Plotin qu’il faut retrancher la négation qui se trouve dans Porphyre.
  3. Il faut également retrancher la négation dans ce membre de phrase.