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LXIV
PORPHYRE.

rapprochement et par contact (πελάσει ϰαὶ ἁφῇ). Quand elles agissent par rapprochement et par contact, ce n’est qu’accidentellement.


LIVRE TROISIÈME.
DOUTES SUR L’ÂME.
Union de l’âme et du corps[1].

XXI.[2] La substance corporelle n’empêche pas l’incorporel en soi d’être où il veut et comme il veut : car, de même que l’inétendu ne peut être contenu par le corps, de même la substance étendue ne fait point obstacle à l’incorporel et est pour lui comme le non-être. L’incorporel ne se transporte pas où il veut par un changement de lieu : car il n’y a que la substance étendue qui occupe un lieu. L’incorporel n’est pas non plus comprimé par le corps : car il n’y a que la substance étendue qui puisse être comprimée et déplacée. Ce qui n’a ni étendue ni grandeur ne saurait être arrêté par la substance étendue ni être exposé à un changement de lieu. Étant partout et n’étant nulle part, l’incorporel, partout où il se trouve, ne fait sentir sa présence que par une disposition d’une certaine nature (διαθέσει ποιᾷ). C’est par cette disposition qu’il s’élève au-dessus du ciel ou qu’il descend dans un coin du monde. Ce séjour même ne le rend pas visible aux yeux. C’est seulement par ses œuvres qu’il manifeste sa présence.

XXII.[3] Si l’incorporel est contenu dans le corps, il n’y est pas renfermé comme une bête dans une ménagerie : car il ne peut être renfermé ni embrassé par le corps. Il n’y est pas non plus comprimé comme de l’eau ou de l’air dans une outre. Il produit des puissances qui du sein de son unité[4] rayonnent au dehors : c’est par elles qu’il descend dans le corps et qu’il le pénètre[5]. C’est par cette ineffable extension de lui-même qu’il vient dans le corps et qu’il

  1. Les § XXI-XXII se rapportent aux § 20-24 du livre III de l’Ennéade IV (Doutes sur l’âme, I), dont un extrait est cité dans les Notes. p. 356-360.
  2. Le § XXI est le sommaire du § 20 du livre III.
  3. Le § XXII est le sommaire des § XXI-XXIV du livre III.
  4. Il faut lire ἀπὸ τῆς πρὸς αὑτὸ ἐνώσεως (a sui cum semetipso conjunctione) au lieu de πρὸς αὐτὸ (a sui cum corpore conjunctione) que porte le texte d’Holstenius. La leçon qu’il donne est en contradiction complète avec le sens général de ce passage.
  5. Voy. ci-après § XXXVI, XXXVIII.