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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Voici comment notre auteur s’exprime à cet égard (§ 6, p. 271-273) :

« Des dogmes qui composent la doctrine de ces hommes, les uns sont dérobés à Platon, les autres, qu’ils inventent afin d’avoir un système propre, sont des innovations contraires à la vérité. C’est à Platon qu’ils empruntent les jugements, les fleuves des enfers, les métensomatoses. S’ils reconnaissent plusieurs principes intelligibles, l’Être, l’Intelligence, le second Démiurge ou l’Âme universelle, ils ont pris cela du Timée..... En général, ils altèrent entièrement l’idée de la création, ainsi que beaucoup d’autres dogmes de Platon, et ils en donnent une interprétation tout à fait vicieuse. Ils s’imaginent qu’eux seuls ont bien conçu la nature intelligible, que Platon, et tant d’autres esprits divins n’y sont point parvenus, etc. »

La même thèse a été soutenue par Tertullien dans plusieurs de ses écrits :

« Ipsæ hæreses a Philosophia subornantur. Inde et Æones, et formæ nescio quæ, et trinitas hominis apud Valentinum : Platonicus fuerat. » (De Prœscript., 6.)

« Vult Plato esse quasdam substantias invisibiles, incorporales, supermundiales, divinas et æternas, quas appellat ideas, id est formas exemplares et causas naturalium istorum manifestorum et subjacentium corporalibus sensibus ; et illas quidem esse veritates, hæc autem imagines illarum. Relucentne jam hæretica semina Gnosticorum et Valentinlanorum ? Hinc enim arripiunt differentiam corporalium sensuum et intellectualium virium, quam etiam parabolæ decem virginum adtemperant : ut quinque stultæ sensus corporales figuraverint, stultos videlicet quia deceptui faciles ; sapientes autem intellectualium virium notam expresserint, sapientium scilicet quia contingentium veritatem illam arcanam, ut supernam et apud Pleroma constitutam ; inde hæreticarum idearum sacramenta : hoc enim sunt et Æones et genealogiæ illorum. » (De Anima, 17.)

Enfin, de nos jours, M. Matter dit dans son Histoire du Gnosticisme (t. I, p. 52) :

« Entre Platon et les Gnostiques, l’analogie n’est pas seulement dans les mots ou les définitions de la science, elle est dans les choses. En effet, les doctrines dominantes dans le Platonisme se retrouvent dans le Gnosticisme. Émanation des intelligences du sein de la divinité ; égarement et souffrances des esprits, aussi longtemps qu’ils sont éloignés de Dieu et emprisonnés dans la matière[1] ; vains et longs efforts pour parvenir à la connaissance de la vérité

  1. Voy. Enn. II, liv. ix, § 17, p. 305.