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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

extraordinaire et devant lui l’ange du Seigneur, le corps tout parsemé d’yeux et tenant à la main une épée flamboyante ; à cette vue, le mourant est saisi d’un frisson qui pénètre à la fois son esprit et son corps. Son âme fuit successivement dans tous ses membres, comme un homme qui voudrait changer de place. Mais voyant qu’il est impossible d’échapper, il regarde en face celui qui est là devant lui et se met tout entier en sa puissance. Alors, si c’est un juste, la divine présence se montre à lui[1] et aussitôt l’âme s’envole loin du corps. » (M. Franck, La Kabbale, p. 366.)

12. Métempsycose.

Plotin affirme dans le § 6, p. 272, que les Gnostiques ont emprunté à Platon l’idée de la métensomatose[2]. Cet emprunt ne paraît pas probable, comme nous l’avons dit (p. 272, note)[3], il y a d’ailleurs une assez grande différence entre la doctrine de Platon et celle des Gnostiques sur la transmigration. En effet, tandis que Platon ne considère en général la métempsycose que comme un moyen d’expiation pour les fautes commises dans une vie antérieure[4], les Gnostiques enseignent que les existences successives, par lesquelles les âmes passent nécessairement, ont pour but de leur faire développer complètement les perfections dont elles portent le germe en elles[5]. Or cette idée est tout à fait conforme au système des Kabbalistes.

« Selon les Kabbalistes, dit M. Franck, les âmes, comme toutes les existences particulières de ce monde, rentrent dans la substance absolue dont elles sont sorties. Mais pour cela, il faut qu’elles aient développé toutes les perfections dont le germe indestructible est en elles ; il faut qu’elles aient acquis, par une multitude d’épreuves, la conscience d’elles-mêmes et de leur origine. Si elles n’ont pas rempli cette condition dans une première vie, elles en commencent une autre, et après celle-ci une troisième, en passant toujours dans une condition nouvelle, où il dépend entièrement d’elles d’acquérir les vertus qui leur ont manqué auparavant. Cet exil cesse quand nous le voulons ; rien non plus ne nous empêche de le faire durer toujours. « Toutes les âmes, dit le Zohar, sont soumises aux épreuves de la transmigration, et les hommes ne savent pas quelles sont

  1. C’est ainsi que, selon Marcus, Sophia vient au secours de l’élu qui l’invoque. Voy. p. 520.
  2. Voy. p. 454.
  3. Voy. Origène, Des Principes, I, 7 ; Contre Celse, III.
  4. Voy. p. 385-387.
  5. Voy. p. 517-518.