Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/678

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
537
DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.

de l’homme comme le vent emporte les nuées. » (Zend-Avesta, t. II, p. 113.) Voy. aussi M. Franck, La Kabbale, p. 363.

10. Magie.

Dans le § 14, p. 295, Plotin combat l’emploi des opérations magiques, mais il en admet lui-même le pouvoir. Voici sa doctrine à ce sujet :

« La magie est fondée sur l’harmonie de l’univers : elle agit au moyen des forces qui sont liées les unes aux autres par la sympathie... Comme les enchantements (ἐπωδαὶ) agissent sur la partie irraisonnable de l’âme, on détruira leur puissance en les combattant et en leur résistant par d’autres enchantements (ἀτᾴδων ϰαὶ ἀντεϰᾴδων). On peut donc, par suite d’enchantements, éprouver des maladies, la mort même, et en général toutes les affections relatives au corps... Tout être qui a quelque relation avec un autre être peut être ensorcelé par lui (γοητεύεται). Il n’y a que l’être concentré en lui-même [par la contemplation du monde intelligible] qui ne puisse être ensorcelé. » (Enn. IV, liv. iv, § 26, 43).

Voy. aussi Porphyre, Vie de Plotin, § 10, p. 12).

11. Jugement des âmes après la mort.

Dans le § 6, p. 271, Plotin dit que les Gnostiques ont emprunté à Platon l’idée du jugement des âmes et des fleuves des enfers. C’est là une erreur évidente. La doctrine que Valentin, Marcus, etc., professaient sur ce point est complètement étrangère à celle de Platon et est analogue à celle du Zend-Avesta et de la Kabbale. De même que, selon les Gnostiques, l’âme, en passant du monde visible au Plérôme, est arrêtée dans la région planétaire par le Démiurge et par ses anges, qui la jugent[1] ; de même, selon les livres zends, quand l’âme, délivrée du corps, arrive près du pont Tchinevald, qui sépare notre monde du monde invisible, elle est jugée par deux anges, dont l’un est Mithra, aux proportions colossales, aux dix mille yeux, et dont la main est armée d’une massue. « Les rabbins, dit M. Franck, en conservant le même fond d’idées, ont su le rendre plus effrayant encore : « Lorsque l’homme, au moment de quitter le monde, vient à ouvrir les yeux, il aperçoit dans sa maison une lueur

  1. Voy. p. 519.