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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

et non en ce sens qu’il est constitué par la réunion du chaud, du froid, du sec et de l’humide, comme le suppose Plotin][1].

Tout ce que Plotin ajoute sur le Démiurge, dans le § 12, est fort bien expliqué dans un morceau où saint Irénée (I, 17) expose la doctrine de Marcus à ce sujet :

« Je veux vous expliquer comment, selon les disciples de Marcus, le Démiurge a servi, à son insu, d’instrument à sa mère Achamoth pour créer le monde à l’image des Éons invisibles. D’abord les quatre éléments, le feu, l’eau, la terre et l’air, ont été produits à l’image de la Tétrade supérieure : en additionnant avec eux leurs actes, c’est-à-dire le chaud, le froid, le sec et l’humide, on a l’image exacte de l’Ogdoade. Ensuite, on compte dix puissances, d’abord sept corps sphériques appelés Cieux, puis la sphère qui entoure les précédentes et qui constitue le huitième Ciel, enfin le Soleil et la Lune. Ces dix sphères sont l’image de la Décade invisible, qui est née de Logos et de Zoé. Quant à la Dodécade, elle est figurée par le Zodiaque, dont les douze signes représentent la Dodécade née d’Anthropos et d’Ecclesia. Et, comme à la rotation rapide de l’univers est opposée la planète la plus élevée, Saturne, qui, en vertu de sa masse pesante, compense la vitesse des autres astres par la lenteur de sa propre révolution, au point de mettre trente ans à revenir au même point du zodiaque, Saturne est l’image d’Horos qui [en sa qualité de limite] contient le trentième Éon [Sophia]. La lune, qui opère sa révolution en trente jours, exprime ainsi numériquement les trente Éons. Le Soleil manifeste évidemment la Dodécade par les douze mois qu’il emploie à accomplir sa révolution annuelle. La durée de la journée composée de douze heures est encore un symbole de la Dodécade invisible. La douzième portion du jour, l’heure, est divisée elle-même en trente parties[2] parce qu’elle est l’image des trente Éons. Le zodiaque comprend trois cent soixante degrés parce que chaque signe contient trente degrés : il offre ainsi l’image du rapport qu’a la Dodécade avec la Triacontade qui la contient. Enfin, la Terre elle-même, divisée en douze climats, recevant dans chaque climat une vertu particulière des Cieux au-dessous desquels elle est placée, et engendrant des productions conformes à la vertu qu’elle reçoit de l’influence céleste, est un symbole manifeste de la Dodécade.

  1. Ibid., p. 269, 515-516.
  2. Le soleil parcourt un cercle de 360 degrés dans sa révolution diurne, par conséquent 30 degrés par heure, si l’on partage le jour en douze heures.