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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

ligence en repos, qui contient en soi toutes les essences, une Intelligence qui les contemple dans la précédente, et une Intelligence qui pense discursivement. Souvent ils regardent cette Intelligence discursive comme l’Âme créatrice. » (§ 6, p. 272.)

En rapprochant ces passages, on voit que Plotin reproche aux Gnostiques de faire de l’Intelligence divine deux hypostases distinctes, l’Intelligence qui est en repos, qui contient les essences, qui pense, et l’Intelligence qui est en mouvement, qui pense que la première pense, qui contemple les essences dans la précédente. Ces deux Intelligences correspondent, la première à Noûs, en qui le Père parfait a produit toutes choses à l’état de germe, et la seconde, à Logos, principe et formateur de tout le Plérôme (p. 500-502, 506).

Quant à l’Intelligence discursive ou Âme créatrice, c’est Achamoth, comme on le verra plus loin.

Enfin, dans le § 1 (p. 259, 261), Plotin dit encore :

Quant à la Raison (ou Verbe, λόγος) qui descend de l’Intelligence dans l’Âme et la rend intellectuelle, elle ne constitue pas une nature distincte de l’Intelligence et de l’Âme et intermédiaire entre elles. »

Cette Raison, ce Verbe, dont les Gnostiques faisaient une hypostase intermédiaire entre l’Intelligence et l’Âme créatrice, n’est autre que le second Logos de Valentin, l’Éon Jésus, qui, comme on l’a vu plus haut (p. 510), a été produit par tous Éons et a donné à Achamoth la forme de la science pour qu’elle créât le monde par le ministère du Démiurge.

En résumé, Plotin reproche aux Gnostiques de décomposer l’Intelligence divine en plusieurs hypostases, entre lesquelles ils établissent des distinctions arbitraires. Son argumentation, à cet égard, peut être comparée à celle de S. Irénée (II, 12, 13).

3. Éons.

Sans examiner les détails de l’Éogonie de Valentin, Plotin en indique clairement les principaux caractères dans le § 6 (p. 272-274) :

« En nommant une multitude de Principes intelligibles, les Gnostiques croient paraître en montrer une connaissance exacte, tandis que, en les supposant si nombreux, ils les rabaissent et les rendent semblables aux êtres inférieurs et sensibles... Il faut reconnaître que le Principe inférieur au Premier [l’Intelligence] contient toutes les Essences, et ne pas admettre qu’il y ait hors de ce Principe des Intelligibles[1] [c’est-à-dire des Éons]..... Lorsque les Gnos-

  1. Plotin les appelle les Êtres plus puissants que l’Âme, § 11, p. 286.