seule. J’implore le secours de sa mère [Sophia]. » En entendant ces mots, le Démiurge est troublé ; il rougit de sa racine et de la naissance de sa mère [parce qu’elle est née de la passion de Sophia], et il laisse passer l’esprit. » (S. Irénée, 1, 21.)
Voici une variante de la même idée :
« Les disciples de Marcus disent qu’ils l’emportent en science sur tous les mortels, qu’eux seuls ont pénétré la profondeur de la Science de la Puissance ineffable, qu’ils sont au-dessus de toute puissance. Aussi commettent-ils toute sorte de péchés sans aucun scrupule ni aucune crainte : car, grâce à la rédemption [qui est la possession de la Gnose], ils ne peuvent être vus ni arrêtés par le Juge [le Démiurge]. Si celui-ci cependant les arrête, se tenant devant lui avec la rédemption, ils prononceront ces paroles : « Compagne de Dieu et de la mystérieuse Sigé qui a précédé les siècles, toi [Sophia], sous la conduite et par l’aide de laquelle les Grandeurs qui contemplent toujours la face du Père [les anges] ramènent à la région supérieure leurs formes[1], formes que cette audacieuse [Achamoth] conçut par son imagination, quand, par la bonté du Père, elle nous enfanta à leur image en rêvant aux choses supérieures ; voici le Juge, et le héraut m’ordonne de me justifier. Toi, qui connais ce qui nous concerne tous deux [Achamoth et les pneumatiques], plaide devant le Juge notre cause à tous deux, puisqu’elle est la même. » Dès que Sophia entend cette prière, elle se hâte d’apporter ce casque infernal dont parle Homère[2], pour les rendre invisibles et les dérober au juge. Les ramenant aussitôt à la région supérieure, elle les introduit dans la Chambre nuptiale [le Plérôme] et les rend à leurs époux. » (S. Irénée, 1, 14.)
Après avoir exposé d’après saint Irénée les principes essentiels du système des Gnostiques, envisagé du moins au point de vue de la philosophie, nous allons passer en revue, en y ajoutant les éclaircissements nécessaires, les critiques que Plotin adresse à la doctrine de ses adversaires.
« On ne saurait dire qu’il y a dans le Principe de toutes choses