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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.
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sont les satellites du Sauveur[1]. Le Démiurge passera [de l’Hebdomade] dans la Région moyenne qu’habitait Achamoth, et les âmes des justes y viendront jouir du repos : car rien de psychique ne peut être admis dans le Plérôme. Quand toutes ces choses seront accomplies, le feu, qui est caché dans l’intérieur du monde, brillera, s’élancera, dévorera toute la matière, et, après s’être consumé avec elle, sera anéanti. » (Voy. Irénée, I, 7.)

Dans le passage précédent, les mots sans pouvoir être vus ni arrêtés font allusion à un point important de la doctrine des Gnostiques. Selon eux, quand la carrière des épreuves sera terminée, les pneumatiques, marqués du sceau des élus, traverseront heureusement, pour entrer au Plérôme, la région habitée par les anges et par le Démiurge, qui n’arrêtera et ne jugera que les psychiques. Voici ce que S. Irénée dit à ce sujet :

« Il en est qui rachètent les mourants en leur versant sur la tête de l’eau mélangée à de l’huile ou à du baume, en prononçant les paroles que nous avons déjà rapportées, afin que ceux-ci ne puissent être vus ni arrêtés par les Principautés et les Dominations, et que leur homme intérieur s’élève invisible dans la région supérieure, tandis que leur corps reste ici-bas. Ils prescrivent à l’esprit de dire en arrivant devant les Principautés et les Dominations : « Je suis fils du Père préexistant. Je suis venu voir les choses qui me sont propres et celles qui me sont étrangères, qui ne me sont pas précisément étrangères, mais qui appartiennent à Achamoth, qui est une femme et qui les a faites pour elle-même. Je tire mon origine de Celui qui est préexistant ; je reviens vers ce qui m’est propre et dont je suis parti. » Par la vertu de ces paroles, l’esprit échappe aux Dominations. Il arrive ensuite devant le Démiurge et il dit : « Je suis un vase précieux, plus précieux que la femme qui vous a créé. Si votre mère [Achamoth] ignore sa racine, je me connais moi-même et je sais quelle est mon origine. J’invoque le secours de l’incorruptible Sophia, qui est dans le Père, de Sophia, qui est la mère de votre mère Achamoth, qui elle-même n’a point de père ni d’époux, et qui, née d’une femme [Sophia] et femme elle-même, vous a créé sans connaître sa mère [Sophia] et se croyant

  1. « Les pneumatiques, dit Théodoret en exposant la doctrine de Valentin, ayant quitté leurs âmes, verront leur Mère se réunir à son Époux, deviendront eux-mêmes les épouses des anges ; ils entreront dans la Chambre nuptiale, en s’avançant au delà d’Horos, et ils seront admis à la vision de l’Esprit, après être devenus des éons intellectuels pour les Noces intellectuelles et éternelles de la syzygie. »