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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

spirituels[1] qui, après s’être développés ici-bas en passant de corps en corps, doivent à la fin des temps devenir les épouses des anges, comme Achamoth elle-même deviendra l’épouse de Jésus (p. 516). — Par sa conversion vers l’auteur de son existence, Achamoth a produit les âmes. — Par ses passions, elle a donné naissance à la matière.

2° La forme de la science qu’Achamoth reçut de Jésus [elle avait déjà reçu de Christos la forme de l’essence] était la connaissance du Plérôme à l’image duquel fut formé le monde visible, comme nous le verrons plus loin[2]. Ainsi, les idées données par Jésus à Achamoth, et transmises par celle-ci au Démiurge, étaient les types des êtres psychiques et hyliques[3].

3° Les passions d’Achamoth avaient pour cause générale l’ignorance (p. 510). Elle fut guérie par la vertu que lui communiqua Jésus, c’est-à-dire par la science. Donc le principe du mal est l’ignorance, la Gnose est la rédemption véritable (p. 285, note 2), et, sous ce rapport, l’histoire d’Achamoth est pour les Gnostiques l’histoire même de l’âme humaine, comme le dit Plotin lui-même (§ 6, p. 276).

4. Démiurge.

« Trois choses avaient été produites : la matière (ὕλη), née de la passion d’Achamoth ; l’essence psychique ou animique (τὸ ψυχιϰὸν), née de sa conversion ; l’essence pneumatique ou spirituelle (τὸ πνευματιϰὸν), qu’Achamoth avait enfantée [par son union avec les satellites de Jésus]. Alors Achamoth s’occupa de donner la forme à ces trois essences. Elle ne put donner la forme à l’essence pneumatique, parce qu’elle lui était consubstantielle. Elle s’occupa donc de donner la forme à l’essence psychique, et elle réalisa les idées qu’elle avait reçues du Sauveur (προϐαλεῖν τὰ παθήματα τὰ παρὰ τοῦ Σωτῆρος). De l’essence psychique, elle forma d’abord le Père et le Roi de tous les êtres, soit de ceux qui lui sont consubstantiels, c’est-à-dire des êtres psychiques que les Valentiniens nomment êtres de droite, soit

  1. C’est là le sens de la phrase de S. Irénée. Clément d’Alexandrie dit à ce sujet : « Les anges masculins fournissent les germes qui sont envoyés par Achamoth dans la génération, autant que cela est possible. »
  2. Voy. p. 534.
  3. Le mythe gnostique de Jésus et d’Achamoth a de l’analogie avec le mythe platonicien de Poros et de Penia (Enn. III, liv. v, § 9). Jésus apportant à Achamoth la science du Plérôme et Poros s’unissant à Penia représentent tous deux la Forme descendant du monde intelligible dans la Matière.