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LIX
PRINCIPES DE LA THÉORIE DES INTELLIGIBLES.



TROISIÈME ENNÉADE.

LIVRE SIXIÈME.
DE L’IMPASSIBILITÉ DES CHOSES INCORPORELLES[1].
De l’incorporel.

V.[2] Le nom d’incorporel ne désigne pas un seul et même genre, comme le nom de corps. Les incorporels doivent leur nom à ce qu’on les conçoit par abstraction du corps. Aussi, les uns [comme l’intelligence et la raison discursive] sont des êtres véritables, existent sans le corps comme avec lui, subsistent par eux-mêmes, sont par eux-mêmes des actes et des vies ; les autres (comme la matière, la forme sensible sans la matière, le lieu, le temps, etc.] ne constituent pas des êtres véritables, sont unis au corps et en dépendent, existent par autrui, n’ont qu’une vie relative, ne subsistent que par certains actes. En effet, en donnant à ces choses le nom d’incorporelles, on indique ce qu’elles ne sont pas, on ne dit pas ce qu’elles sont.

De l’impassibilité de l’âme.

VI.[3] L’âme est une essence sans étendue, immatérielle, incorruptible ; son être consiste dans une vie qui est la vie elle même.

VII.[4] Quand l’être d’une essence est la vie elle-même et que ses passions sont des vies, sa mort consiste dans une vie d’une certaine nature et non dans l’entière privation de la vie[5] : car la passion que cette essence éprouve par la mort ne la conduit pas à la perte complète de la vie.

  1. Les § V-XI forment un commentaire du livre VI de l’Ennéade III (De l’impassibilité des choses incorporelles).
  2. Le § V se rapporte au commencement du § 6 du livre VI où Plotin dit : « La matière est incorporelle dans un autre sens que l’âme. » Il est nécessaire de le rapprocher du § XXXV qui expose les mêmes idées avec plus de développement.
  3. Le § VI est le sommaire du § 1 du livre VI.
  4. Le § VIII se rapporte à la fin du § 3 du livre VI. Il est, ainsi que le § VIII et le § IX, cité par Stobée, Eclogæ physicæ, I, 52, p. 818 et 820, éd.Heeren.
  5. La mort de l’âme selon les Néoplatoniciens consiste à vivre dans un corps terrestre. Voy. les Notes, p. 384.