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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

plus parfaite identité, la chose pensante, la chose pensée et la pensée même (§ 1, p. 259-261).

3. L’Âme universelle réalise dans la matière, en lui communiquant la vie et le mouvement, les formes qu’elle reçoit elle-même de l’Intelligence (§ 1-3, p. 261-266, etc.).

4. La génération des êtres est la manifestation nécessaire des attributs de Dieu dans l’univers. Toutes les existences et toutes les forces dont l’univers se compose ne sont qu’un développement de la pensée divine, qui se divise de plus en plus à mesure qu’elle s’écarte du premier principe ; en même temps, l’essence intelligible des choses s’affaiblit graduellement jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une négation pure, le non-être et le mal, c’est-à-dire, la matière (§ 3, 8, 13 ; p. 264, 279. 294).

5. Le monde n’est postérieur à Dieu que logiquement ; il est éternellement produit ; il n’a pas eu de commencement et il n’aura pas de fin (§ 3, p. 264).

6. Le monde est une image aussi parfaite que possible de l’Intelligence divine dont il procède ; le mal n’est que le moindre degré du bien (§ 4, 8, 9, 13, 17 ; p. 267, 279-285, 292-295, 305-308).

7. L’âme humaine contient trois formes ou puissances émanées l’une de l’autre : l’intelligence, l’âme raisonnable et l’âme irraisonnable[1].

8. Tandis que l’Âme universelle, tout en restant impassible, communique à l’univers la vie et le mouvement, l’âme humaine se trouve exposée à une foule de souffrances par son union avec le corps. Cependant elle n’est jamais complètement séparée du monde intelligible, et elle peut y remonter en s’affranchissant des passions du corps et en se tournant vers le Bien (§ 2, 7, 8, 18 ; p. 261, 275, 280, 309-310).

Plotin affirme (§ 5, 6 ; p. 271-274) que sa doctrine est conforme à la pensée de Platon, qu’elle n’en est que le développement logique et nécessaire. Voilà une assertion dont il importe d’examiner la vérité pour comprendre et pour apprécier à leur juste valeur, comme nous le ferons plus loin, les critiques que notre auteur adresse à ses adversaires.

Si l’on n’attribue à Platon que les dogmes clairement formulés dans ses écrits, on reconnaîtra aisément que l’on n’y saurait trouver ni la théorie complète des trois Hypostases, ni celle de l’émanation, ni celle de la matière considérée comme le dernier degré de l’être

  1. Voy. plus haut, Facultés de l’âme humaine, p. 324-366.