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DEUXIÈME ENNÉADE.

princeps et un manuscrit donnent Zostriani. Enfin Clément d’Alexandrie (Stromates, I, p. 304) mentionne les Révélations de Zoroastre comme un livre propre à la secte des Prodiciens : Ζωροάστρην δέ τὸν Μάγον τὸν Πέρσην ὁ Πυθαγόρας έζήλωσεν• βίϐλους ἀποϰρύφους τὰνδρὸς τοῦδε οἱ τὴν Προδίϰου μετιόντες αἵρεσιν αὐϰοῦσι ϰεϰτῆσθαι. « Les Révélations de Zoroastre étaient, dit M. Matter (Histoire du Gnosticisme, t. II, p. 184), de ces écrits astrologiques et théurgiques que la commune tradition rattachait au représentant des anciennes doctrines persanes et chaldéennes[1]. »

Maintenant, si laissant de côté les vagues indications que donne Porphyre, on examine la doctrine que Plotin combat, mais dont il ne fait pas une exposition claire et précise parce qu’il jugeait sans doute cette exposition inutile pour des lecteurs à qui cette doctrine devait être familière, on trouve que les dogmes qu’il attribue à ses adversaires appartiennent évidemment au Gnosticisme, tel qu’il nous est connu d’ailleurs, et que plusieurs d’entre ces dogmes, comme nous le démontrons plus loin, sont propres aux Valentiniens. Ainsi se trouve résolue, par les textes, la question que nous avons posée en commençant.

Mais pour aborder avec fruit l’étude de ce livre, nous croyons nécessaire de suivre une marche méthodique et de bien distinguer trois choses que Plotin mêle perpétuellement, l’exposé de sa propre doctrine, l’exposé de la doctrine professée par les Gnostiques, et les critiques qu’il leur adresse. Ce n’est qu’en examinant ces trois points successivement, et avec tous les développements nécessaires, qu’on peut arriver à bien comprendre la pensée de notre auteur et à saisir l’enchaînement de ses idées.

§ II. DOCTRINE DE PLOTIN.

La doctrine professée par Plotin dans ce livre peut se ramener aux propositions suivantes :

1. Dieu est la cause immanente des choses (§ 1 , 3 ; p. 254-258, 264). Tout part de lui et tout retourne à lui : étant l’Un, il possède la plénitude de la puissance, il tend à se manifester hors de lui, à devenir cause productrice ; étant le Bien, il est l’objet de l’amour et du désir, il attire à lui tout ce qui est, il devient cause finale[2].

2. L’Intelligence divine contient et unit dans son sein, jusqu’à la

  1. Sur ce point, Voy. aussi M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 493, 496.
  2. Voy. plus haut, p. 320-322.