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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

riis scriptoribus, ecclesiasticis etiam, neque vero digessit, ita ut litterarum studiosi, qui prudentis magistri disciplina destitutus sit, consiliis plurima haud accomodata videantur ; nec pauca desunt, quæ ad impeditorum locorum explicationem requirantur. »

On trouve, il est vrai, dans les expressions que Plotin attribue à ses adversaires, des termes qui étaient employés par les catholiques ; mais il est facile de reconnaître que ces termes sont pris dans le sens abusif que leur donnaient les Gnostiques qui prétendaient retrouver toute leur doctrine dans le Nouveau Testament par leur méthode d’interprétation allégorique et symbolique. Le témoignage de saint Jérôme est formel à cet égard : « Quando hæretici urgeri cœperint, aut scribendum illis fuerit, miras strophas videas : sic verba temperant, sic ordinem vertunt, et ambigua quœque concinnant, ut et nostram, et adversariorum confessianem teneant, ut aliter catholicus, aliter hœreticus audiat[1]. » (Epist. ad Oceanum et Pomma.) Saint Irénée fait le même reproche aux Gnostiques dans une foule de passages, notamment au début de l’ouvrage qu’il a composé contre eux.

Après avoir prouvé que le livre de Plotin est bien dirigé contre les Gnostiques, comme l’indique son titre, il nous reste à examiner à quelle secte de ces hérétiques ont pu appartenir les adversaires qu’il combat.

Notre philosophe ne nomme lui-même nulle part les Gnostiques ; il se contente de les désigner d’une manière vague (αὐτοί), comme nous l’avons fait remarquer p. 258. il ajoute dans le § 10, p. 286, que quelques-uns sont de ses amis ; mais on ne peut rien conclure de cette désignation.

Les noms des personnages que Porphyre mentionne dans le § 16 de la Vie de Plotin (p. 17) ne sauraient résoudre la question qui nous occupe : car ils sont obscurs ou inconnus. Alexandre de Libye parait être ce disciple de Valentin que saint Jérôme cite dans son Commentaire sur l’Épître aux Galates, et dont Tertullien a réfuté la doctrine dans deux ouvrages (Adversus Valentinianos, 5 ; De Carne Christi, 16). Quant à Zostrien, on lit dans Arnobe (Adversus Gentes, 1, 52) un passage qui s’applique peut-être à lui : « Age nunc veniat Zoroastres, Hermippo ut assentiamur auctori. Bactrianus et ille convenlat, cujus Ctesias res gestas Historiarum exponit in primo libro, Armenius Hostanis nepos. » Au lieu de Hostanis, l’édition

  1. Ce qui prouve que les termes employés par les Gnostiques l’étaient aussi par les catholiques, comme l’affirme saint Jérôme, c’est qu’on retrouve dans les hymnes de Synésius les expressions dont Valentin se servait en parlant des Éons, telles que Βυθὸς πατρῶος, Προπάτωρ, etc.