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LVIII
PORPHYRE.


DEUXIÈME ENNÉADE.

LIVRE QUATRIÈME.
DE LA MATIÈRE.
De la conception de la matière.

IV.[1] Nous engendrons par la pensée le non-être [la matière] en nous séparant de l’être. Nous concevons aussi le Non-être [l’Un][2] en restant unis avec l’être. Par conséquent, si nous nous séparons de l’être, nous ne concevons pas le Non-être qui est au-dessus de l’être [l’Un], mais nous engendrons par la pensée quelque chose de mensonger, nous nous mettons dans l’état [d’indétermination] dans lequel on se trouve en sortant de soi-même. De même que chacun peut réellement et par soi-même s’élever au Non-être qui est au-dessus de l’être [à l’Un] ; de même [en se séparant de l’être par la pensée], on arrive au non-être qui est au-dessous de l’être.


    ainsi à un organisme qui est en harmonie avec sa passion dominante et qui en est la punition. Par conséquent, il faut se purifier au moment de la mort, comme lorsqu’on est initié aux mystères, affranchir son âme de toute mauvaise passion, en calmer les emportements, en bannir l’envie, la haine et la colère, afin de posséder la sagesse quand on sort du corps. Le véritable Mercure à la baguette d’or, c’est la Raison qui, nous montrant clairement l’honnête, éloigne et préserve notre âme du breuvage de Circé [de l’union avec le corps], ou, si l’âme boit ce breuvage, lui conserve du moins aussi longtemps qu’il est possible la vie et les mœurs de la nature humaine. »

  1. Le § IV se rapporte au § 10 du livre IV de l’Ennéade II (De la Matière), duquel il faut le rapprocher pour en comprendre le sens. Voy. p. 208-210 de ce volume.
  2. L’Un, la première des trois Hypostases divines, est appelé le Non-être par Porphyre parce qu’il est supérieur à l’Être et à l’Intelligence (Enn. II, liv. IX, § I, p. 254-257). Sur le rapport de l’Un et de la Matière, voy. Enn. II, liv. IV, § 15, p. 220-221.