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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE III.

4° L’âme humaine procède de l’Âme universelle tout en lui restant unie, comme un rayon de lumière reste toujours uni par une de ses extrémités au foyer dont il émane. Tant qu’elle exerce les facultés de l’âme raisonnable, elle reste unie à la Puissance principale de l’Âme universelle et gouverne le monde avec elle (§ 8, p. 177). Quand, cédant au désir de développer les facultés de l’âme irraisonnable, elle descend ici-bas, elle entre dans un corps qui a déjà été organisé par la Puissance naturelle et génératrice de l’Âme universelle et dont l’espèce est conforme à ses inclinations (§ 8, 9, 10 ; p. 177-179, 181).

Ce dernier point a besoin d’explication.

Trois choses concourent, selon Plotin, à la génération de l’homme : les parents, l’influence des astres et des circonstances extérieures, et l’action de l’Âme universelle.

Le rôle des astres et des parents est indiqué dans le § 12 du livre III (p. 182) :

« Les influences qui proviennent des astres se confondent ; ce mélange modifie chacune des choses qui sont engendrées, détermine leur nature et leurs qualités. Ce n’est pas l’influence céleste qui produit un cheval ; elle se borne à exercer une action sur lui : car le cheval est engendré par un cheval, et l’homme par un homme ; le soleil contribue seulement à leur formation. L’homme naît de la raison séminale de l’homme ; mais les circonstances lui sont favorables ou nuisibles. En effet, le fils ressemble au père ; seulement il peut être mieux fait, ou moins bien fait ; jamais cependant il ne s’affranchit de la matière. Quelquefois la matière prévaut sur la nature, de telle sorte que l’être n’est point parfait parce que la forme ne domine pas. »

Ici Plotin reproduit en partie la doctrine d*Aristote qui dit sur le même sujet :

« C’est l’homme qui engendre l’homme, c’est l’individu qui engendre l’individu... L’homme a pour cause les éléments, à savoir le feu et la terre, qui sont la matière, puis sa forme propre, puis une autre cause, une cause externe, son père, par exemple, et outre ces causes, le soleil et le cercle oblique[1], lesquels ne sont ni

  1. Le zodiaque est une cause de l’homme, dans le système d’Aristote, parce que le soleil parcourt les signes du zodiaque, et que ce mouvement, qui est le mouvement des saisons, est la cause de la production et de la destruction des êtres dans le monde terrestre. » (Note de MM. Pierron et Zévort, t. II, p. 214 de la traduction de la Métaphysique.)