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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

et il devient une partie de l’univers quand il exerce les facultés de l’âme irraisonnable et du corps.

La nécessité ou fatalité est l’ensemble des circonstances extérieures qui exercent une action sur l’âme irraisonnable, savoir : la disposition générale de l’univers, l’influence des astres, la nature de notre corps, de nos parents, de notre patrie, etc. (§ 8, 9, 10, 14, 15 ; p. 177, 179, 181, 185-7).

3° Si l’homme est vertueux, il en est récompensé par le bonheur dont il jouit en menant une vie conforme à celle de la divinité. S’il est vicieux, il en est puni par son égarement même, qui le rend esclave de l’ordre physique, et par un sort moins heureux dans la génération suivante, où son âme est unie à un corps d’une espèce conforme aux inclinations qu’elle a précédemment développées (§ 8, 9, 10 ; p. 178, 179, 181).

Ces principes sont conformes à ceux que Platon expose dans le morceau du Timée que nous avons cité plus haut ; ils ont aussi beaucoup d’analogie avec les idées que Leibnitz expose dans sa Monadologie sur le règne physique de la nature dont dépendent les âmes sensitives et le règne moral de la grâce auquel s’élèvent les esprits :

§ 79. « Les âmes agissent selon les lois des causes finales par appétitions, fins et moyens. Les corps agissent selon les lois des causes efficientes et des mouvements. Et les deux règnes, celui des causes efficientes et celui des causes finales, sont harmoniques entre eux.

§ 82. Quant aux esprits ou âmes raisonnables, quoique je trouve qu’il y a dans le fond la même chose dans tous les vivants et animaux, comme nous venons de dire (savoir, que l’animal et l’âme ne commencent qu’avec le monde et ne finissent pas, non plus que le monde), il y a pourtant cela de particulier dans les animaux raisonnables, que leurs petits animaux spermatiques, tant qu’ils ne sont que cela, ont seulement des âmes ordinaires ou sensitives, mais dès que ceux qui sont élus, pour ainsi dire, parviennent par une actuelle conception à la nature humaine, leurs âmes sensitives sont élevées au degré de la raison et à la prérogative des esprits.

§ 83. Entre autres différences qu’il y a entre les âmes ordinaires et les esprits, dont j’ai déjà marqué une partie, il y a encore celle-ci, que les âmes en général sont des miroirs vivants ou images de l’univers des créatures, mais que les esprits sont encore images de la divinité même ou de l’auteur même de la nature, capables de connaître le système de l’univers et d’en imiter quelque chose par des échantillons architectoniques, chaque esprit étant comme une petite divinité dans son département.