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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

« Si le Soleil, par exemple, agit sur les choses d’ici-bas, c’est qu’il contemple le monde intelligible ; pendant ce temps, non-seulement il échauffe les êtres terrestres, mais encore il les fait participer à son âme, autant que cela est possible, parce qu’il possède une grande puissance naturelle. De même, les autres astres, sans aucun choix et par une espèce d’irradiation, transmettent aux choses inférieures quelque chose de la puissance naturelle qu’ils possèdent. » (Enn. IV liv. iv, § 35.)

Les développements qui précèdent peuvent se résumer dans cette phrase (§ 10, p. 181) :

« Les astres ne produisent que les choses qui sont des passions de l’univers, et cela par leur partie inférieure [leur corps et leur âme irraisonnable]. »

Les astres ne peuvent donc agir que sur la nature animale de l’homme, c’est-à-dire sur son corps et sur son âme irraisonnable (§ 9, 11, p. 180-182). Ils ne produisent pas, comme le prétendent les astrologues (§ 1, p. 165), la pauvreté et la richesse (§ 8, 14 ; p. 178, 185), la santé et la maladie (§ 12, p. 182), la beauté et la laideur (ibid.), les vices et les vertus (§ 8, 13, 15 ; p. 178, 184, 187). On ne doit donc pas non plus leur attribuer les maux ; il faut expliquer ces maux par les principes suivants :

« 1° Les choses que les dieux produisent ne résultent pas d’un libre choix, mais d’une nécessité naturelle, parce que les dieux agissent, comme parties de l’univers, sur les autres parties de l’univers, et concourent à la vie de l’animal universel[1]. 2° Les êtres d’ici-bas ajoutent par eux-mêmes beaucoup aux choses qui proviennent des astres[2]. 3° Les choses que les astres nous donnent ne sont pas mauvaises, mais s’altèrent par le mélange[3]. 4° La vie de l’univers n’est pas réglée en vue de l’individu, mais en vue du tout[4]. 5° La matière n’éprouve pas des modifications complètement conformes aux impressions qu’elle reçoit, et ne peut pas entièrement se soumettre à la forme qui lui est donnée[5]. » (Enn. IV liv. iv, § 39.)

Plotin, dans le § 9 du livre iii, essaie de rattacher sa doctrine à celle que Platon expose dans le Timée sur le même sujet. Nous donnons dans toute son étendue le morceau de Platon sur lequel roule l’argumentation de notre auteur pour en simplifier l’explication :

« Dieu dit aux autres dieux qu’il a créés : « Appliquez-vous sui-

  1. Voy. ibid., § 5, 7, 8, p. 172. 176-178.
  2. Voy. ibid., § 11, p. 181.
  3. Voy. ibid., § 12, p, 182.
  4. Voy. ibid., § 7, 13, p. 176, 183.
  5. Voy. ibid., § 16, p. 190.