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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE III.

Voici comment ces idées sont développées par Plotin dans le livre iv de l’Ennéade IV ;

« Cet univers est un animal un, ζῶον ἕν, qui renferme en lui-même tous les animaux. Il y a en lui une âme une, ψυχὴ μία, qui se répand dans toutes ses parties, c’est-à-dire dans tous les êtres qui sont des parties de l’univers. Or, tout être qui se trouve contenu dans le monde sensible est une partie de l’univers : d’abord il en est une partie par son corps, sans aucune restriction ; ensuite il en est encore une partie par son âme, mais seulement en tant qu’il participe [à la Puissance naturelle et génératrice] de l’Âme universelle. Les êtres qui ne participent qu’à [la Puissance naturelle et génératrice] de l’Âme universelle sont complètement des parties de l’univers[1]. Ceux qui participent à une autre Âme [à la puissance supérieure de l’Âme universelle] ne sont pas complètement des parties de l’univers ; [ils sont indépendants par leur âme raisonnable], mais ils éprouvent des passions par l’action des autres êtres, en tant qu’ils ont quelque chose de l’univers, [que, par leur âme irraisonnable, ils participent à la Puissance naturelle et génératrice de l’univers] et que les autres êtres ont aussi quelque chose de l’univers. Ainsi cet univers est un animal un et sympathique à lui-même. »

Il résulte de là que rien ne peut arriver à une des parties de l’univers dont les autres parties ne se ressentent plus ou moins, et que, selon l’expression dont se sert Plotin (§ 5, p. 173) « toutes choses ont de la sympathie les unes pour les autres par leur vie irrationnelle. »

En vertu de ce principe, les astres exercent sur nous une action sympathique par les diverses figures qu’ils forment en vertu de l’inégalité de leur vitesse :

« Le cours des astres agit en disposant de différentes manières d’abord les astres et les choses que le ciel contient, puis les êtres terrestres dont il modifie, non-seulement les corps, mais encore les âmes[2]. » (Enn. IV, liv. iv, § 31.)

Il y a harmonie dans l’univers, malgré la diversité et la multiplicité des êtres qu’il contient, parce que tous aspirent à un seul but[3] et dépendent d’un seul principe. C’est en aspirant au même but que tous les autres êtres, c’est en concourant à réaliser l’harmonie universelle, que les astres exercent leur action, soit physique, soit sympathique :

  1. Voy. Enn. II, liv. iii, § 7, 9, 10, 13, 15, p. 175, 179, 180, 183, 187.
  2. Voy. ibid., § 10, p. 181.
  3. Voy. ibid., § 7, p. 176.