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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

« Dans toute l’étendue du ciel, dont la circonférence entoure le monde, il y a des figures, des signes[1], au moyen desquels nous pourrions découvrir les secrets et les mystères les plus profonds. Ces figures sont formées par les constellations et les étoiles, qui sont pour le sage un sujet de contemplation et une source de mystérieuses jouissances... Celui qui est obligé de se mettre en voyage dès le matin n’a qu’à se lever au point du jour et à regarder attentivement du côté de l’orient ; il verra comme des lettres[2] gravées dans le ciel et placées les unes au-dessus des autres. Ces formes brillantes sont celles des lettres avec lesquelles Dieu a créé le ciel et la terre ; elles forment son nom mystérieux et saint... De même que dans le firmament, qui enveloppe tout l’univers, nous voyons diverses figures formées par les étoiles et les planètes, pour nous annoncer des choses cachées et de profonds mystères ; ainsi, sur la peau qui entoure notre corps il y a des formes et des traits qui sont comme les planètes ou les étoiles de notre corps. Toutes ces formes ont un sens caché et sont un objet d’attention pour les sages qui savent lire dans le visage de l’homme[3]. »


2. Les astres n’exercent qu’une influence physique par leur corps ou sympathique par leur âme irraisonnable.

Chaque astre est un être vivant, composé d’un corps et d’une âme. Son corps ne peut exercer qu’une influence physique, par exemple, répandre la chaleur (§ 2, 4 ; p. 167, 172). Quant à son âme, elle comprend deux parties, comme l’Âme universelle : la partie supérieure, l’âme raisonnable, contemple tranquillement l’Intelligence divine et trouve dans cette contemplation une source perpétuelle de bonheur (§ 3, 9; p. 169, 180) ; la partie inférieure, l’âme irraisonnable ou puissance naturelle, exerce, en vertu de la sympathie qui unit tous les êtres de l’univers, une action qui est la conséquence de son essence, qui ne comporte, par conséquent, ni délibération ni liberté, qui ressemble à une irradiation, et qui concourt à l’action exercée par l’Âme universelle (§ 13, p. 184). Elle ne saurait donc être nuisible puisqu’elle a pour principe une nature excellente (§ 2, 13 ; p. 168, 184).

  1. Voy. Enn. II, liv. iii, § 7, p. 175, et la note 1.
  2. Voy. ibid., § 7, p. 174. La même croyance était professée par les Chaldéens. Voy. plus haut, p. 462.
  3. Voy. Enn. II, liv. iii, § 7, p. 175.