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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.

tionis paulatim in înferiora delabitur ; nec subito hac perfecta incorporalitate luteum corpus induitur, sed sensim per tacita detrimenta, et longiorem simplicis et absolutissimæ puritatis recessum, in quædam siderei corporis incrementa turgescit : in singulis enim sphæris, quæ cœlo subjectæ sunt, œtherea obvolutione vestitur, ut per eas gradatim societati hujus indumenti testei concilietur ; et ideo totidem mortibus, quot sphæras transit, ad hanc pervenit quæ in terris vita vocitatur. »

Macrobe revient encore sur le même sujet dans le chapitre suivant du même ouvrage, mais il entre dans de trop longs détails pour que nous puissions citer ici ce morceau.

Du reste, l’idée fondamentale de cette doctrine s’est transmise par la tradition à la philosophie scolastique ; c’est ainsi qu’on la retrouve dans le passage suivant de Dante :

« Aussitôt qu’une place a été assignée à l’âme [après la mort], sa faculté formelle rayonne tout autour, de même et autant qu’elle le faisait dans ses membres vivants. Et comme l’atmosphère, lorsqu’elle est bien chargée de pluie et que des rayons viennent s’y refléter, se montre ornée de couleurs diverses, ainsi l’air qui l’entoure prend cette forme que lui imprime virtuellement l’âme en s’y arrêtant ; et, semblable à la flamme qui suit le feu partout où il va, cette forme nouvelle suit l’âme en tout lieu. Comme elle tire de là son apparence, elle est appelée ombre, et ensuite elle organise tous les sens jusqu’à celui de la vue[1]. » (Purgatoire, XXV, trad. de M. Fiorentino.)

Leibnitz enseigne une doctrine analogue :

« Je crois avec la plupart des anciens que tous les génies, toutes les âmes, toutes les substances simples créées sont toujours jointes à un corps, et qu’il n’y a jamais des âmes qui en soient entièrement séparées.... J’ajoute encore qu’aucun dérangement des organes visibles n’est capable de porter les choses à une entière confusion

  1. Selon M. Ozanam, la conception que Dante a exprimée dans ces vers est d’origine orientale : « Cette hypothèse, dit-il, ne se trouve nulle part avec des développements plus complets et des traits de ressemblance plus constants que dans les systèmes de l’Inde. Si l’âme (est-il dit dans les Lois de Manou, XII, 16-21) a pratiqué souvent la vertu et rarement le vice, revêtue d’un corps qu’elle emprunte aux cinq éléments, elle savoure les délices du paradis. — Mais, si elle s’est fréquemment adonnée au mal et rarement au bien, elle prend un autre corps à la formation duquel concourent les cinq éléments subtils et qui est destiné aux tortures de l’enfer. » (Dante et la Philosophie catholique au treizième siècle, 3e partie, chap. i.)