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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.

vement rectiligne est naturel, qu’ils se portent vers d’autres objets, qu’enfin l’élément sphérique qui se trouve en nous ne peut plus se mouvoir circulairement avec facilité, parce qu’il est devenu terrestre, tandis que dans la région céleste il est léger et mobile. Comment pourrait-il rester en repos quand l’âme est en mouvement, quel que soit ce mouvement ? Le pneuma qui est répandu en nous autour de l’âme fait la même chose que le ciel. En effet, si Dieu est en toutes choses, il faut que l’âme qui désire s’unir à lui se meuve autour de lui, puisqu’il ne réside en aucun lieu déterminé. »

Avant de commenter ce passage, nous sommes obligé de rappeler que, d’après le langage figuré de Platon dans le Timée, l’âme humaine est, comme l’Âme du monde, composée de deux bandes croisées l’une sur l’autre, puis réunies à leurs extrémités, de manière à former comme l’équateur et l’écliptique d’une sphère. Ces deux bandes sont le cercle de la nature du même et le cercle de la nature de l’autre[1] qui représentent la science et l’opinion[2]. Voici ce que Platon dit de plus important à ce sujet :

« L’âme est d’abord sans intelligence quand elle vient d’être enchaînée dans un corps mortel. Mais lorsque le courant des substances nutritives nécessaires pour la croissance du corps y entre avec moins de force, et que les révolutions de l’âme, retrouvant le calme, suivent leur direction propre et s’y affermissent de plus en plus avec le temps, alors les cercles tournent chacun de la manière qui convient à sa nature ; leurs circonvolutions prennent une forme régulière, et distinguant avec justesse la nature du même et la nature de l’autre, elles achèvent de rendre sensé celui qui les possède en lui-même... Les Dieux renfermèrent les deux révolutions divines dans un corps sphérique, pour imiter la forme ronde de l’univers, et ce corps, c’est celui que nous nommons la tête ; c’est en nous la partie la plus divine et la maîtresse de toutes les autres... Les mouvements qui sont en rapport avec la nature de la partie divine de nous-mêmes, ce sont les pensées et les révolutions de l’univers. Il faut donc que nous les suivions : car, les mouvements qui ont lieu dans notre tête ayant été altérés dès la naissance, chacun de nous doit les redresser en étudiant les harmonies de l’univers, et c’est ainsi qu’en rendant ce qui contemple semblable à ce qui est contemplé, comme cela devait être dans l’état primitif, nous devons atteindre à la perfection de cette vie excellente proposée aux hommes par les dieux pour le présent et pour l’avenir. » (Timée, p. 44, 90 ; p. 120, 241, de la trad. de M. H. Martin.)

  1. Voy. M . H. Martin, Études sur le Timée, t. II, p. 154.
  2. Ibid., t. II, p. 49).