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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.


LIVRE DEUXIÈME.


DU MOUVEMENT DU CIEL.


Ce livre est le quatorzième de Plotin dans l’ordre chronologique. Dans la Vie de Plotin, p. 29, il porte pour titre Du mouvement circulaire.

§ I. DU MOUVEMENT DE L’ÂME UNIVERSELLE.

Plotin paraît s’être proposé de répondre dans ce livre aux longues critiques qu’Aristote, dans le traité De l’Âme, adresse à la théorie du mouvement de l’âme du monde, telle qu’elle est formulée par Platon dans les passages du Timée que nous avons cités (p. 158, 164). Voici d’ailleurs la conclusion d’Aristote, qui résume ces critiques :

« Une chose ne donne pas le bonheur quand elle n’est pas facile et s’accomplit par force ; et si le mouvement n’est pas l’essence de l’intelligence, l’âme serait mue contre sa nature... Timée laisse ignorer aussi la cause qui fait que le ciel a un mouvement circulaire ; car ce n’est pas l’essence de l’âme qui est cause qu’elle est mue de cette façon ; c’est par pur accident qu’elle reçoit cette espèce de mouvement. Ce n’est certes pas davantage le corps qui en est cause, et ce serait bien plutôt l’âme qui en serait cause pour lui. Mais Timée ne dit pas non plus que le mouvement soit un état meilleur pour l’âme ; et pourtant il a bien fallu, puisque Dieu a voulu que l’âme se mût circulairement, qu’il fût meilleur pour elle de se mouvoir que de rester en repos, et de se mouvoir ainsi plutôt que tout autrement. » (De l’Âme, I, 3, p. 133 de la trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire.)

Plotin répond à cette objection (§ 1, p. 160) :

« L’Âme ne traîne pas le corps de l’univers comme un fardeau ; elle ne lui donne pas une impulsion contraire à la nature[1]. »

  1. Plotin dit encore à ce sujet dans le livre i, § 4, p. 149 : « L’âme gouverne l’univers sans peine et sans fatigue, etc. »