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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

à cet égard. — Il ne faut pas te décourager, reprit Socrate ; peut-être seras-tu plus heureux aujourd’hui... Si l’on admet que la mort est quelquefois préférable à la vie, il pourra te sembler étonnant qu’alors même on ne puisse, sans impiété, se rendre heureux soi-même, et qu’il faille attendre un bienfaiteur étranger... Cette opinion a bien l’air déraisonnable et cependant elle n’est peut-être pas sans raison. Je n’ose alléguer ici cette maxime enseignée dans les mystères, que nous sommes ici-bas comme dans un poste, et qu’il nous est défendu de le quitter sans permission. Elle est trop relevée et il n’est pas aisé de pénétrer tout ce qu’elle renferme. Mais voici du moins une maxime qui me semble incontestable, c’est que les dieux prennent soin de nous et que les hommes appartiennent aux dieux. »

Cicéron résume ainsi la doctrine de Platon dans le Songe de Scipion : « Quare et tibi, Publi, et piis omnibus retinendus est animus in custodia corporis ; nec injussu ejus a quo ille est vobis datus, ex hominum vita migrandum est, ne munus assignatum a Deo defugisse videamini. »

§ II. MENTIONS ET CITATIONS QUI ONT ÉTÉ FAITES DE CE LIVRE.

Dans son Commentaire sur le Songe de Scipion (I, 13), Macrobe, pour développer la pensée de Cicéron que nous venons de citer, résume la doctrine du Phédon et reproduit en le commentant le livre de Plotin. Voici ce morceau, que nous donnons en entier parce qu’il montre l’analogie qu’il y a entre les idées de Platon et celles de Plotin :

« Quare et tibi, Publi, et piis omnibus retinendus animus est in custodia corporis ; nec injussu ejus a quo ille est vobis datus, ex hominum vita migrandum est, ne munus assignatum a Deo defugisse videamini. » Hæc secta et praeceptio Platonis est, qui in Phœdone definit, homini non esse sua sponte moriendum ; sed in eodem tamen dialago idem dicit, mortem philosophantibus appetendam, et ipsam philosophiam meditationem esse moriendi. Hæc sibi ergo contraria videntur ; sed non ita est : nam Plato duas mortes hominis novit. Nec hoc nunc repeto, quod superius dictum est, duas esse mortes : unam animœ, animalis alteram ; sed ipsius quoque animalis, hoc est hominis, duas asserit mortes, quarum unam natura, virtutes alteram præstant[1]. Homo enim moritur, quum

  1. Voy. plus haut, p. 384-385.