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PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE VIII.


LIVRE HUITIÈME.


DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DES MAUX.


Ce livre est le cinquante-unième dans l’ordre chronologique. Il a été traduit en anglais par Taylor : Five Books of Plotinus, p. 67.

Pour connaître la doctrine complète de Plotin sur la nature et l’origine du Mal, il faut, à l’étude de ce livre, joindre celle des livres De l’influence des astres (Enn. II, iii), Contre les Gnostiques[1] (Enn. II, ix), Du Destin (Enn. III, i), De la Providence (Enn. III, ii et iii), et Du Démon qui nous est échu en partage (Enn. III, iv).

§ I. RAPPROCHEMENTS ENTRE LA DOCTRINE DE PLOTIN ET CELLE DE PLATON.

Les dialogues de Platon auxquels Plotin a fait des emprunts dans ce livre sont le Théétète, le Politique, le Timée, les Lois.

Voici le passage du Théétète qui a été commenté par Plotin dans le § 6, p. 125-127 :

« Théodore. Si tu pouvais persuader à tous les autres, comme à moi, la vérité de ce que tu dis, Socrate, il y aurait plus de paix et moins de maux parmi les hommes. — Socrate. Mais il n’est pas possible, Théodore, que le mal soit détruit, parce qu’il faut toujours qu’il y ait quelque chose de contraire au bien ; on ne peut pas non plus le placer parmi les dieux : c’est donc une nécessité qu’il circule sur cette terre et autour de notre nature mortelle. C’est pourquoi nous devons tâcher de fuir au plus vite de ce séjour à l’autre. Or, cette fuite, c’est la ressemblance avec Dieu, autant qu’il dépend, de nous ; et on ressemble à Dieu par la justice, la sainteté et la sa-

  1. La discussion à laquelle Plotin se livre sur le système des Gnostiques roule tout entière sur l’origine du mal. En effet, cette question était une de celles dont s’occupaient le plus les hérétiques, comme on le voit par le témoignage de Tertullien : « Eædem materiæ apud hœreticos et philosophos volutantur, iidem retractatus implicantur : unde Malum et quare ? (De Prœscript. hœret., 7). » Eusèbe dit aussi : « Une des questions le plus souvent traitées par les hérétiques est celle de l’Origine du mal (Histoire ecclésiastique, V, 27). »