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PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE III.



§ II. RAPPROCHEMENTS ENTRE LA DOCTRINE DE PLOTIN ET CELLE D’ARISTOTE.
A. Méthode d’Aristote.

Dans la seconde moitié du § 5, p. 67-68, Plotin fait allusion à la Logique d’Aristote et dit qu’elle est inférieure à la Dialectique :

« Il ne faut pas croire que la Dialectique ne soit qu’un instrument pour la philosophie, ni qu’elle ne s’occupe que de pures spéculations et de règles abstraites. Elle étudie les choses elles-mêmes, et a pour matières les êtres réels. Elle y arrive en suivant une méthode qui lui donne la réalité en même temps que l’idée, etc. »

Malgré l’espèce de dédain que Plotin manifeste ici pour Aristote, il a emprunté, sinon à sa Logique, du moins à sa méthode, beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire d’après ses paroles. Voici ce que dit à ce sujet M. Ravaisson avec lequel nous sommes entièrement d’accord :

« Pour remonter aux idées, la méthode de Plotin ne consiste plus, comme celle de Platon, à séparer simplement des individus ce qui s’y trouve de commun, à abstraire l’universel de toutes les déterminations particulières. Sa méthode est plutôt celle d’Aristote, subordonnée, accommodée au principe directeur de toute la philosophie pythagoricienne et platonicienne. Au lieu de tirer de la comparaison des individus l’universel, Aristote se renferme dans l’individu même, et des opérations imparfaites, ou des mouvements de l’individu, il s’élève à l’acte immobile auquel ils se rapportent et duquel ils dépendent. Comme Aristote, c’est dans l’individu lui-même que Plotin remonte des manifestations au principe. Seulement, ce n’est pas de la virtualité et du mouvement à l’acte qu’il procède, mais de la multitude à l’unité. Ce n’est plus, à la vérité, dans l’élimination de la pluralité des individus que sa méthode consiste ; mais c’est dans l’abstraction successive et graduée de la multiplicité matérielle de chaque être. Ce n’est plus à l’unité logique de l’espèce et du genre qu’il semble tendre comme à la cause et à la raison dernière des choses, et ce n’est pas non plus à l’acte opposé de la simple puissance : c’est à l’unité essentielle, intime, abstraite de toute quantité. » (Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 393.)

B. Rapport de la Dialectique avec la Morale.

Ce que Plotin dit sur les rapports de la Dialectique avec la Morale, § 6, p. 68, est incontestablement emprunté à Aristote. Voy. plus haut la Note sur le livre ii, p. 399-401.