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PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE III.

cerner, au moyen de la division par genre, ceux qui s’allient ou ne s’allient pas entre eux. — Fort bien. — Mais cet art de la dialectique, tu ne l’attribueras, si je ne me trompe, à nul autre qu’à celui qui s’applique à la philosophie avec une âme pure et droite. » (Sophiste, p. 253 ; t. XI, p. 276 de la trad. de M. Cousin.)

Pour compléter ces indications, nous empruntons à l’excellent travail de M. Berger sur Proclus (Exposition de la doctrine de Proclus, p. 91-93) un passage où les idées de Platon sont présentées sous une forme plus didactique et expliquées par un exemple où l’on trouve une application de sa méthode :

« Les procédés de la dialectique sont au nombre de quatre : elle définit (ὁριστιϰή), elle divise (διαιρετιϰή), elle démontre (ἀποδειϰτιϰή), elle analyse (ἀναλυτιϰή).

Nous partons de la connaissance de l’idée première ; nous pouvons immédiatement constater les distinctions naturelles des objets ; nous divisons ; notre objet choisi, nous le définissons. La définition, pour être bonne, doit pouvoir s’appliquer à tous les individus que comprend la généralité définie. Elle est comme une traduction, dans le langage de l’âme, de la notion intellectuelle que nous avons de l’idée. La définition devient la base de la démonstration et de l’analyse : de la démonstration, qui va de la cause à l’effet ; de l’analyse, qui de l’effet remonte à la cause.

Tout ce qu’on peut supposer de puissance à ces quatre procédés réunis est contenu dans la célèbre méthode que Platon emprunta aux Eléates, et qu’il appelle méthode dialectique ou divisive (διαλεϰτιϰή ou διαιρετιϰή). La question énoncée, on la pose affirmativement, puis négativement ; l’hypothèse de l’affirmation donne lieu à quatre recherches : admettant l’existence de l’objet en question, 1° qu’en résulte-t-il relativement à lui-même ? 2° qu’en résulte-t-il pour ce qui n’est pas lui ? 3° qu’arrive-t-il aux autres dans leurs rapports réciproques ? 4° qu’arrive-t-il aux autres dans leurs rapports avec l’objet de la question ? Chacune des quatre recherches que nous venons d’indiquer donnera lieu à trois sortes de considérations : 1° conséquences positives, ou faits qu’on affirme devoir résulter de l’hypothèse admise ; 2° conséquences négatives, ou faits qu’on affirme n’en pouvoir pas résulter ; 3° conséquences douteuses, ou faits qu’on ne veut pas affirmer, et qu’on n’ose pas nier devoir ou ne devoir pas suivre.

On peut demander à quoi bon, si l’on suppose qu’une chose n’est pas, rechercher ce qui en résulte relativement à elle-même : que peut-il arriver à ce qui n’existe pas ? Mais il faut remarquer que l’on ne fait jamais l’hypothèse du néant absolu. Qui peut connaître