naître en considérant que les mouvements du corps, de quelque vigueur qu’il soit doué, ne peuvent que l’exposer à des chocs très-funestes quand il est privé de la vue. Or, il en est de même ici : notre manière d’agir est tout autre quand elle est dirigée par l’intelligence. Et c’est précisément dans une habitude ou disposition semblable que consiste la vertu proprement dite. Concluons de là que la partie morale de l’âme comprend deux sortes de vertus, la vertu naturelle, φυσιϰὴ ἀρετὴ, et la vertu en soi ou proprement dite, ϰυρία ἀρετὴ ; et celle-ci, qui est principale et directrice, ne saurait exister sans la prudence. » (Éthique à Nicomaque, VI, 13 ; p. 280 de la trad. de M. Thurot.)
Porphyre a commenté ce livre dans ses Ἀφορμαι πρὸς τὰ νοητά, § 54. Ce morceau de Porphyre a été cité lui-même par Stobée, Florilegium (Tit. I, p. 54, éd. Gaisford), et par Michel Psellus (Omnifaria doctrina, § 55, p. 110). George Gémiste lui a aussi fait des emprunts dans son ouvrage intitulé Libellus de Virtute ejusque partibus, publié en grec et en latin par Angelo Maï, Milan, 1816.
Enfin, Macrobe a analysé et commenté le livre de Plotin dans son Commentaire sur le Songe de Scipion (I, 8) :
« Solæ faciunt virtutes beatum, nullaque alia quisquam via hoc nomen adipiscitur : unde, qui existimant nullis nisi philosophantibus inesse virtutes, nullos præter philosophes beatos esse pronuntiant. Agnitionem enim rerum divinarum sapientiam proprie vocantes, eos tantummodo dicunt esse sapientes qui superna acie mentis requirunt, et, quantum vivendi perspicuitas præstat, imitantur[1] ; et in hoc solo esse aiunt exercitia virtutum, quarum officia sic dispensant : prudentiœ esse, mundum istum et omnia quæ in mundo insunt, divinorum contemplatione despicere, omnemque animæ cogitationem in sola divina dirigere ; temperantiœ, omnia relinquere, in quantum natura patitur, quæ corporis usus requirit ; fortitudinis, non terreri animam a corpore quodammodo ductu philosophiæ recedentem, nec altitudinem perfectæ ad superna ascensionis horrere ; justiciœ, ad unam sibi hujus propositi consentire viam uniuscujusque virtutis obsequium[2]. Atque ita fit ut, secundum hoc tam rigidæ definitionis abruptum, rerumpublicarum rectores beati esse non possint. Sed Plotinus, inter philosophiæ
- ↑ Voy. Enn. I, liv. ii, § 1, p. 51.
- ↑ Ibidem, § 3, p. 55.