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XLIX
AVERTISSEMENT.

1o Quelle est l’origine et la destination des Principes de la théorie des intelligibles de Porphyre ? 2o Dans quel ordre convient-il de disposer les fragments qui composent cet écrit ?

I. Pour le premier point, nous trouvons dans la Vie de Plotin (§ 24, p. 32) des indications précieuses données par Porphyre lui-même sur la nature du travail qu’il fit en revoyant et en publiant les Ennéades : « Voilà, dit-il, comment nous avons distribué en six Ennéades les cinquante-quatre livres de Plotin. Nous avons ajouté à plusieurs d’entre eux des Commentaires sans suivre un ordre régulier (ϰαταϐεϐλήμεθα ϰαὶ εἴς τινα αὐτῶν ὑπομνήματα ἀτάϰτως[1], pour satisfaire quelques-uns de nos amis qui désiraient avoir des éclaircissements sur certains points. Nous avons fait des Sommaires (ϰεφάλαια) pour tous les livres, en suivant l’ordre dans lequel ils ont été publiés, à l’exception du livre Du Beau, dont nous ne connaissions pas l’époque. Du reste, nous avons rédigé non seulement des sommaires séparés pour chaque livre, mais encore des Arguments (ἐπιχειρήματα), qui sont compris dans le nombre des sommaires.

De ce passage, M. Fréd. Creuzer a déduit que les Principes de la théorie des intelligibles sont des débris soit des Commentaires, soit des Sommaires et des Arguments composés par Porphyre. À l’appui de son opinion, il dit qu’Olympiodore, dans son Commentaire sur le Phédon (p. 82, B), cite une phrase du § XLIV, en ajoutant qu’elle se trouve dans le Commentaire de Porphyre. En outre, il démontre que le mot Ἀφορμαὶ est l’équivalent de ἐπιχειρήματα[2].

Adoptant l’opinion de M. Fréd. Creuzer sur l’origine des Principes de la théorie des intelligibles, nous avons essayé d’en démontrer la vérité par de nouvelles preuves. Nous les avons cherchées dans le texte même que nous avions à traduire. En le comparant à celui de Plotin, nous sommes parvenu non seulement à indiquer à quel livre des Ennéades se rapporte chaque paragraphe de Porphyre[3], mais encore à signaler, dans les morceaux les plus étendus et les plus importants, les phrases que notre auteur emprunte littéralement à son maître pour les éclaircir et les commenter[4]. Par ces recherches, qui seront complétées dans les volumes suivants, s’il y a lieu, nous espérons avoir achevé un travail que M. Fréd. Creuzer n’avait qu’ébauché dans son Introduction[5] et qui était cependant nécessaire pour l’intelligence de l’œuvre de Plotin aussi bien que pour celle de Porphyre.

II. Les explications précédentes nous dispensent de justifier longuement l’ordre dans lequel nous avons rangé les 44 paragraphes qui composent les Principes de la théorie des intelligibles. Puisque ces morceaux étaient destinés soit à résumer, soit à expliquer la doctrine contenue dans les Ennéades, le seul ordre qui fût rationnel consistait à les disposer d’après le plan qui a été suivi par Porphyre lui-même pour classer les livres auxquels ils se rapportent.

  1. Cette expression nous paraît fort bien caractériser l’absence de toute liaison qu’on remarque dans les Principes de la théorie des intelligibles.
  2. Proœmium in Porphyrii Sententias, p. XXVII de l’édition publiée par M. A.-F. Didot, et dont nous avons parlé plus haut.
  3. Voy. les notes placées au bas des pages de notre traduction.
  4. Ces phrases sont indiquées par des guillemets.
  5. Proœmium in Porphyrii sententias, p. XXVIII-XXX.