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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

instruites et exercées à remplir leurs devoirs, gouverneront la partie où siége le désir, qui occupe la plus grande partie de notre âme et qui est insatiable de sa nature ; elles prendront garde que celle-ci, après s’être accrue et fortifiée par la jouissance des plaisirs du corps, ne sorte de son domaine et ne prétende se donner sur elles une autorité qui ne lui appartient pas, et qui troublerait l’économie générale. — Assurément. — En présence des ennemis du dehors, elles prendront les meilleures mesures pour la sûreté de l’âme et du corps : l’une délibérera, l’autre, soumise à son commandement, combattra, et, secondée du courage, exécutera ce que la raison aura résolu. — Oui. — Et nous appelons l’homme courageux, lorsque cette partie de l’âme où réside la colère soit constamment, au milieu des peines et des plaisirs, les ordres de la raison sur ce qui est à craindre ou ne l’est pas. — Bien. — Nous l’appelons prudent à cause de cette partie de son âme qui a exercé le commandement et donné ces ordres ; qui possède en elle-même la science de ce qui convient à chacune des trois parties et à toutes ensemble. — Sans contredit. — Et tempérant, par l’amitié et l’harmonie qui règnent entre la partie qui commande et celles qui obéissent, lorsque ces deux dernières demeurent d’accord que c’est à la raison de commander et ne lui disputent pas l’autorité ? — La tempérance, dans l’État comme dans l’individu, n’est pas autre chose. — Enfin il sera juste, par la raison et de la manière que nous avons plusieurs fois exposées. — La cause de tout cela, n’est-ce pas que chacune des parties de son âme remplit son devoir, qu’il s’agisse de commander ou d’obéir ? — Il n’y en a pas d’autre. »

Quant à la conversion dont il est question dans le livre ii, § 4, p. 57, Voy. ce qui en a été déjà dit plus haut, p. 348-349.

§ II. rapprochements entre la doctrine de plotin et celle d’aristote.
Quoique Plotin développe généralement dans ce livre la doctrine de Platon, cependant il a aussi emprunté à Aristote plusieurs des idées qu’il exprime à la fin du § 7, p. 61. Voici d’abord le passage de Plotin :

« Il nous resterait à considérer si l’homme vertueux possède en acte ou d’une autre façon les vertus, soit supérieures, soit inférieures ; pour le savoir, il faudrait examiner séparément chacune d’elles, la prudence, par exemple. Comment cette vertu subsiste-t-elle si elle emprunte d’ailleurs ses principes, si elle n’est pas en acte ? Qu’arrivera-t-il si une vertu s’avance naturellement jusqu’à