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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

de la métempsycose. Mais l’exposition détaillée des idées de Plotin sur ce sujet ne se trouve que dans l’Ennéade III et l’Ennéade IV.

Nous nous bornerons ici à énoncer le principe sur lequel Plotin fonde sa théorie de la métempsycose :

« Les âmes ne descendent pas toujours également ; elles descendent tantôt plus bas, tantôt moins bas. Chaque âme entre dans le corps qui est préparé pour la recevoir, et qui est tel ou tel, selon la nature à laquelle l’âme est devenue semblable par sa disposition (ϰαθ’ ὁμοίωσιν τῆς διαθέσεως) : car, selon que l’âme est devenue semblable à la nature d’un homme ou à celle d’une brute, elle entre dans tel ou tel corps[1]. » (Enn. IV, liv. iii, § 12.)

Nous reviendrons sur la métempsycose dans la Note sur le livre ix de l’Ennéade II, en exposant le système des Gnostiques. Nous nous bornerons à citer ici un passage où Macrobe fait une application de cette doctrine (Commentaire sur le Songe de Scipion, I, 9) :

« Animarum originem manare de cœlo inter recte philosophantes indubitæ se constat esse sententiæ ; et animæ, dum corpore utitur, hæc est perfecta sapientia, ut, unde orta sit, de quo fonte venerit, recognoscat. Hinc illud a quodam inter alia, seu festiva, seu mordacia, serio tamen usurpatum est :

De cœlo descendit Γνῶθι σεαυτόν.

(Juvenalis, sat. XI, v. 27.)

Nam et Delphici vox hæc fertur oraculi consulenti ad beatitatem quo itinere perveniret : « Si te, inquit, agnoveris ; » sed et ipsius fronti templi hæc inscripta sententia est. Homini autem, ut diximus, una est agnitio sui, si originis natalisque principia atque exordia prima respexerit, « nec se quæsiverit extra. » Sic enim anima virtutes ipsas conscientia nobilitatis induitur, quibus post corpus evecta, eo unde descenderat reportatur[2] : quia nec corporea sordescit nec oneratur eluvie, quæ puro ac levi fonte virtutum rigatur, nec deseruisse unquam cœlum videtur, quod respectu et cogitationibus possidebat[3]. Hinc anima, quam in se pronam corporis usus effecit, atque in pecudem quodammodo reformavit ex

  1. De nos jours cette doctrine de la métempsycose, ainsi que celle de la pré-existence des âmes qui s’y trouve liée, a été reprise et développée sous de nouveaux points de vue par M. Jean Reynaud, dans l’ouvrage intitulé Ciel et Terre. M. H. Martin a combattu les idées de M. Jean Reynaud dans son traité de La Vie future. Voy. aussi M. Franck, Dictionnaire des Sciences philosophiques, art. Métempsycose.
  2. Voy. Enn. I, liv. ii.
  3. Dans cette phrase, respectus signifie conversion. Voy. Enn. I, liv. ii, § 4, p. 57.