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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Toutes les choses forment un ensemble harmonieux parce qu’elles proviennent à la fois de la matière et des raisons qui les engendrent.

La Puissance naturelle et génératrice, qui contient les raisons, est seule efficace et capable de produire. L’Âme universelle produit donc par des formes. Elle reçoit de l’intelligence les formes qu’elle transmet à l’Âme inférieure [à la Puissance naturelle et génératrice] en la façonnant et l’illuminant. »

Pour le rapport qui existe entre l’Âme universelle et les âmes individuelles, Voy. Enn. IV, liv. ix.

§ V. séparation de l’âme et du corps.

Dans le livre iii de l’Ennéade II, lequel a été composé avant celui qui nous occupe, Plotin s’exprime ainsi, § 15-16, p. 187 :

« Nécessairement, puisque l’âme est une essence, elle possède par elle-même, outre l’existence, des appétits, des facultés actives, la puissance de bien vivre. Si elle se sépare du corps, elle produit les actes qui sont propres à sa nature et qui ne dépendent pas du corps ; elle ne s’attribue pas les passions du corps, parce qu’elle reconnaît qu’elle a une autre nature.

Qu’y a-t-il de mêlé, qu’y a-t-il de pur dans l’âme ? Quelle partie de l’âme est séparable, quelle partie ne l’est pas tant qui l’âme est dans un corps ? Qu’est-ce que l’animal ? Voilà ce que nous aurons à examiner plus tard dans une autre discussion. »

On voit par ce passage que Plotin, en composant le livre i, avait pour but d’exposer les principes desquels dépend la séparation de l’âme et du corps. En effet, cette question générale peut se décomposer en quatre autres, qui sont étroitement liées entre elles :

1° Qu’est-ce que l’animal ? Qu’est-ce que l’homme ?

2° Quelle partie de l’âme est séparable du corps ? quelle partie ne l’est pas ?

3° Comment sépare-t-on l’âme du corps ?

4° Pourquoi faut-il séparer l’âme du corps ?

On a vu dans les paragraphes précédents ce que Plotin entend par l’homme et l’animal. Voici maintenant la réponse qu’il fait à la seconde question (liv. i, § 3, p. 38) :

« Tant que l’on considère l’âme comme le principe qui se sert du corps, il y a entre eux séparation, cette séparation qui s’opère en donnant à l’âme le pouvoir de se servir du corps comme d’un instrument [c’est-à-dire de lui commander : ce que fait la philosophie]. Mais avant que l’âme fût ainsi séparée du corps par la philo-