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PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE I.

cipe le plus élevé. Il est au-dessus, comme le principe précédent est au-dessous du mal. C’est une sorte de lumière venue du ciel et qui doit y retourner quand notre corps sera rendu à la poussière. C’est l’intelligence pure, de Plotin et des kabbalistes, mais restreinte à la connaissance de nos devoirs, à la prévision de la vie future et de la résurrection, en un mot, la conscience morale. Vient enfin l’âme proprement dite ou la personne morale, une malgré la diversité de ses facultés et seule responsable de nos actions devant la justice divine. » (M. Franck, La Kabbale, p. 199, 232, 377.)

C. Nature animale dans la bête.

Après avoir déterminé ce qu’est la nature animale dans l’homme, il reste à déterminer ce qu’elle est dans la bête.

Rappelons d’abord en quels termes Plotin s’exprime à ce sujet (liv. i, § 11, p. 48) :

Demandons-nous enfin ce qu’est dans les animaux le principe qui les anime. S’il est vrai, comme on le dit, que les corps d’animaux renferment des âmes humaines qui ont péché, la partie de ces âmes qui est séparable n’appartient pas en propre à ces corps ; tout en les assistant, elle ne leur est pas à proprement parler présente. En eux, la sensation est commune à l’image de l’âme et au corps, mais au corps en tant qu’organisé et façonné par l’image de l’âme. Pour les animaux dans le corps desquels ne se serait pas introduite une âme humaine, ils sont produits par une illumination de l’Âme universelle. »

En laissant de côté l’allusion que Plotin fait ici à la doctrine de la métempsycose, allusion sur laquelle nous revenons plus loin (p. 385), l’opinion développée dans le passage précédent sur la nature animale dans les bêtes peut se ramener aux deux propositions suivantes :

« Le principe qui anime les animaux est la nature animale, appelée aussi âme sensitive et végétative ou raison séminale.

C’est l’opinion d’Aristote, opinion adoptée par saint Thomas, et reproduite d’après lui par Bossuet dans le traité De la Connaissance de Dieu et de soi-même (chap. v, § 13, De la différence entre l’homme et la bête) :

« L’opinion de Descartes a ses inconvénients comme toutes les opinions humaines. Le premier est que la sensation ne peut être une affection des corps. On peut bien les subtiliser, les rendre plus déliés, les réduire en vapeurs et en esprits ; par là ils deviendront