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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

4. Kabbale.

La doctrine de Plotin sur le rapport qu’ont entre eux les trois principes qui constituent l’âme humaine, savoir, l’intelligence, l’âme raisonnable et la nature animale, offre de l’analogie avec les idées qu’on trouve dans la Kabbale sur le même sujet. Cette analogie consiste principalement en ce que, dans les deux systèmes, le rapport des trois principes se trouve expliqué par l’idée de la procession qui est assimilée à une irradiation[1]. Nous empruntons à l’ouvrage de M. Franck l’exposé de la théorie de la Kabbale, et nous donnons ce morceau sans en rien retrancher, pour que le lecteur puisse apprécier facilement ce que Plotin a emprunté aux idées de l’Orient.

« Considéré en lui-même, c’est-à-dire sous le point de vue de l’âme et comparé à Dieu avant qu’il soit devenu visible uns le monde, l’être humain, par son unité, son identité substantielle et sa triple nature, nous rappelle entièrement la trinité suprême [la Couronne, la Beauté, la Royauté, c’est-à-dire, l’Être absolu, l’Être idéal et la Force immanente des choses, ou la Substance, la Pensée et la Vie]. En effet, il se compose des éléments suivants : 1° d’un esprit, qui représente le degré le plus élevé de son existence ; 2° d’une âme, qui est le siége du bien et du mal, du bon et du mauvais désir, en un mot, de tous les attributs moraux ; 3° d’un esprit plus grossier, immédiatement en rapport avec le corps, et cause directe de ce qu’on appelle dans le texte les mouvements inférieurs, c’est à-dire les actions et les instincts de la vie animale[2]. Pour faire comprendre comment, malgré la distance qui les sépare, ces trois principes, ou plutôt ces trois degrés de l’existence humaine, se confondent cependant dans un seul être, on reproduit ici la comparaison dont on s’est déjà servi au sujet des attributs divins [la comparaison de la flamme dont la lumière bleue s’attache en haut à la lumière blanche et en bas à la matière enflammée]. Les passages du Zohar, qui témoignent de l’existence de ces trois âmes, sont en très-grand nombre ; mais, à cause de sa clarté, nous choisissons de préférence celui qu’on va lire : « Dans ces trois choses, l’esprit, l’âme et la vie des sens, nous trouvons une fidèle image de ce qui

  1. Voy. M. Ravaisson, t. II, p. 367.
  2. On retrouve ces trois principes dans la doctrine des Gnostiques qui distinguaient dans notre être trois éléments, l’esprit, l’âme, la vie matérielle, et divisaient les hommes en trois classes : les pneumatiques ou spirituels, les psychiques ou animiques, les hyliques ou matériels. Voy. plus loin la Note sur le liv. ix de l’Ennéade II.