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PREMIÈRE ENNÉADE, LIVRE I.

sion célèbre de saint Augustin sur l’homme, qui, en un sens général, peuvent être étendues à tous les êtres doués de vie ; ils sont, ou du moins commencent déjà à être ce qu’ils seront ; et, où nos yeux ne distinguent encore rien du type, notre esprit le voit déjà tout entier, et lui rapporte avec certitude tous les états, toutes les phases de la vie.

Ce même type, selon lequel la nature forme et développe le jeune animal ou le jeune végétal, est encore celui selon lequel, plus tard, elle l’entretient et le conserve, exerçant à tous les âges une action dont le caractère, sinon l’intensité, reste invariable. Action essentiellement élective : car elle amène et distribue dans tous les tissus de l’être vivant, non pas indifféremment et au hasard, les molécules de diverse nature qui composent le milieu ambiant, mais, entre toutes et par un véritable choix, celles-là seulement qui peuvent être utiles. Essentiellement élective encore par l’emploi qu’elle en fait après s’en être emparée ; les fixant, selon le besoin, sur un point, ou les transportant successivement d’organe en organe, jusqu’à ce que, leur rôle rempli, elle les rejette et en appelle d’autres ; ici formatrice, là momentanément conservatrice, parfois aussi réparatrice, et partout selon ce type dont l’établissement ou l’entretien reste pour elle, dans la variété des matériaux et des moyens qu’elle met en œuvre, le but, la règle unique et toujours présente[1].

D’une activité élective et dont la source est dans l’être lui-même, à ce qu’on a si longtemps appelé l’âme végétative, à ce qu’on appelle encore dans une école justement célèbre le principe vital, il n’y a qu’un pas ; mais ce pas est précisément ce qui sépare ici le résultat positif des faits chaque jour observés, de leur interprétation, de leur explication hypothétique. » (Hist. gén. des règnes organiques, t. II, p. 89.)

Citons encore la définition de la vie par M. H. Martin :

« La vie est une faculté propre de développement intime, par laquelle certains corps, pendant un temps dont le maximum dépend de leur nature, gardent certaines propriétés spécifiques et leur individualité, malgré la perte et le renouvellement successifs de la matière dont ils se composent, et parcourent des phases régulières qui appartiennent à leur espèce. » (Philosophie spiritualiste de la nature, t. II, p. 174.)

  1. « Chaque animal est administré par le principe qui façonne ses organes et les met en harmonie avec le tout dont ils sont des parties. » (Enn. II, liv. iii. § 13, p. 183.)