définit [en disant : L’homme est l’âme[1]] ; il ajoute dans sa définition : qui se sert du corps, parce que l’âme plus divine domine l’âme qui se sert du corps, et qu’elle ne se sert du corps qu’au second degré[2]. » (Enn. VI, liv. vii, § 5.)
Pour compléter l’exposition de la doctrine que Plotin professe sur la nature animale, il nous reste à indiquer ce qu’il a emprunté aux systèmes de Platon, d’Aristote, des Stoïciens et aux idées de l’Orient.
Les dialogues de Platon que Plotin cite à l’appui de sa théorie sont le Timée et le 1er Alcibiade. Nous avons déjà donné plus haut, p. 360, un passage du Timée sur lequel il s’appuie. En voici un autre auquel il fait allusion, § 8, p. 44 :
« Dieu forma l’Âme, première par sa naissance comme par sa vertu, et plus ancienne, elle qui devait commander, que le corps [le monde], qui devait la reconnaître pour maîtresse. Voici de quoi et comment il la constitua. De l’essence indivisible et toujours la même et de l’essence corporelle divisible et qui naît toujours,
- ↑ Voy. 1er Alcibiade, p. 123 ; t. V, p. 110-112 de la trad. de M. Cousin : « Faut-il te démontrer plus clairement que l’âme seule est l’homme ? … Y a-t-il quelque autre chose qui se serve du corps que l’âme ? — Non, aucune autre. — C’est donc elle qui commande ? — Très-certainement. » Bossuet développe cette idée dans le traité De la Connaissance de Dieu et de soi-même (chap. iii, § 20) : « Nous voyons que, dans cette société de l’âme et du corps, la partie principale, c’est à-dire l’âme, est aussi celle qui préside, et que le corps lui est soumis… On peut dire que le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté, et c’est pourquoi Platon définissait l’homme en cette sorte : « L’homme, dit-il, est une âme se servant du corps. » C’est de là qu’il concluait l’extrême différence du corps et de l’âme, parce qu’il n’y a rien de plus différent de celui qui se sert de quelque chose que la chose même dont il se sert.
- ↑ Il faut rapprocher celle phrase de ce passage du livre ii, § 3, p. 39 : « J’appelle partie séparée du corps celle qui se sert du corps comme d’un instrument, partie attachée au corps celle qui s’abaisse au rang d’instrument. Or la philosophie élève celle deuxième partie au rang de la première ; quant à la première partie, elle la détourne, autant que nos besoins le permettent, du corps dont elle se sert, en sorte qu’elle ne s’en serve pas toujours. »