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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

trer : car pour faire connaître l’essence de l’animal, il ne suffit pas de démontrer qu’il est, ὅτι, il faut encore dire pourquoi il est, διότι, comme le veut Aristote[1] C’est une vérité évidente : car la forme, εἶδος, et la cause de l’être, αἴτιον τοῦ εἶναι, sont identiques ; l’essence, la quiddité et le pourquoi ne font qu’une seule chose, ἡ οὐσία ϰαὶ τὸ τί ἦν εἶναι[2] ϰαὶ τὸ διότι ἕν[3].

Voici sur quelles considérations Plotin se fonde pour démontrer que la nature animale est une partie essentielle de l’âme :

L’homme réunit en lui les trois degrés de l’existence, la forme intelligible ou idée, l’âme, la raison séminale[4]. Il possède aussi trois facultés qui correspondent à ces trois formes de l’existence, l’intelligence, la raison discursive, la sensibilité ; selon qu’il exerce la première, la seconde ou la troisième , il jouit de la vie divine, humaine ou animale (comme nous l’avons déjà dit p. 334) ; il est l’homme intellectuel, νοερός, l’homme raisonnable, λογιϰός, ou l’homme sensitif, αἰσθητιϰός. Ces trois formes de l’existence émanent l’une de l’autre et sont impliquées l’une dans l’autre.

1° « La sensibilité [qui est l’attribut essentiel de l’animal[5]] est impliquée dans l’idée de l’homme (εἴγϰειται τὸ αἰσθητιϰὸν εἶναι ἐν τῷ εἴδει) par l’éternelle nécessité et la perfection de l’Intelligence divine, qui, en vertu de sa perfection, contient en soi les causes aussi bien que les essences... Là haut, l’homme n’est pas seulement intelligence, et la sensibilité ne lui a pas été ajoutée quand il est descendu dans la génération : la sensibilité existe dans le monde intelligible de la même manière qu’y existent les objets sensibles [c’est-à-dire d’une manière idéale]... L’homme qui existe là-haut est une âme de telle nature (τοιαύτη), capable de percevoir ces objets : de là vient que le dernier homme [l’homme sensitif], étant l’image de l’homme qui existe là-haut, a des raisons [des facultés]


    plus général, l’être animé, l’être vivant. » (Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. gén. des règnes organiques, t. II, p. 38.)

  1. La véritable définition doit non-seulement montrer l’existence de la chose comme le font la plupart des définitions, mais elle doit encore en contenir la cause et la mettre en lumière. » (De l’Âme, II, 2 ; p. 171 de la trad.)
  2. Expression empruntée à Aristote.
  3. Voy. Enn. VI, liv. vii, § 2.
  4. Voy. M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 303-400.
  5. Aristote regarde la sensibilité comme le caractère essentiel des animaux : « L’être animé semble différer de l’être inanimé par deux choses surtout, le mouvement et la sensibilité... L’animal n’est constitué primitivement que par la sensibilité. » (De l’Âme, I, 2, II, 2 ; p. 108, 174 de la trad.) Voy. à ce sujet M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. gén. des règnes organiques, t. II, p, 102-163.