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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


§ IV. NATURE ANIMALE.
A. Doctrine de Plotin sur la nature animale dans l’homme.

Les développements dans lesquels nous venons d’entrer sur les rapports de l’âme avec le corps nous conduisent à résoudre la question que Plotin a posée au début du livre i : Qu’est-ce que l’animal ? Qu’est-ce que l’homme ?

Selon Plotin, l’animal est l’âme irraisonnable[1] présente au corps organisé ; l’homme est l’âme raisonnable (en y joignant l’âme irraisonnable qui en procède)[2]. À l’âme raisonnable appartiennent les facultés qui peuvent s’exercer sans le concours du corps : aussi est-elle indivisible et impassible ; à l’âme irraisonnable appartiennent les facultés qui ont besoin des organes pour remplir leurs fonctions[3] : aussi est-elle divisible par rapport aux organes qu’elle met en jeu et en ressent-elle les passions[4].


    Philon à Plotin, par l’intermédiaire de Numénius et d’Ammonius. — Voy. aussi M. Vacherot, Hist. de l’École d’ Alexandrie, t. I, p. 326-329, 346-352.

  1. « Du corps organisé et d’une espèce de lumière qu’elle fournit elle-même [lumière qui est l’âme irraisonnable, image de l’âme raisonnable], l’âme forme la nature animale. » (liv. i, § 7, p. 43.) Macrobe a reproduit cette idée dans la phrase suivante : « Ut autem homo constet et vivum animal sit, anima præstat quæ corpus illuminat : porro illuminat inhabitando. » (Saturnales, VII, 9.) Leibnitz définit l’animal d’une façon analogue ; « Le corps (appartenant à une monade qui en est l’entéléchie ou l’âme) constitue avec l’entéléchie ce qu’on peut appeler un vivant, et avec l’âme ce qu’on appelle un animal. Or ce corps d’un vivant ou d’un animal est toujours organique. » (Monadologie, § 63.)
  2. « Pour nous, nous sommes le principe supérieur qui d’en haut dirige l’animal… l’âme raisonnable constitue l’hommeNous désigne deux choses : ou l’âme en y joignant la partie animale, ou simplement la partie supérieure. » (liv. i, § 7, 10, p. 44, 47.) Voyez plus loin la définition de l’homme, p. 366.
  3. Voy. p. 368.
  4. « Nous avons trouvé dans toutes les opérations animales quelque chose de l’âme et quelque chose du corps ; de sorte que, pour se connaître soi-même, il faut savoir distinguer dans chaque action ce qui appartient à l’une d’avec ce qui appartient à l’autre, et remarquer tout ensemble comment deux parties de différente nature s’entr’aident mutuellement. En méditant ces choses et en se les rendant familières, on se forme une habitude de distinguer les sensations, les imaginations et les passions ou appétits naturels d’avec les dispositions et les mouvements corporels. Et cela